Ouverture d’une galerie d’art à Oran

Si la mode en matière de commerces à Oran tend vers l’ouverture de fast-food, pizzeria et autres magasins de consommation rapide, l’artiste Taleb Mahmoud a pris le chemin inverse. 

Il vient d’ouvrir, il y a une semaine, au quartier de Canastel, un espace d’exposition artistique. Le fait mérite d’être souligné quand on sait que les rares galeries d’art, ouvertes ces dernières années, ont fermé boutique depuis longtemps. 

"L’idée d’ouvrir cet espace me taraudait l’esprit depuis des années. J’ai finalement aménagé ce fond commercial pour en faire une galerie d’art", a expliqué à l’APS, Taleb Mahmoud, rencontré mercredi soir sur les lieux. 

"Entouré" de ses tableaux, sculptures et autres maquettes de stèles et de statues qu’il compte proposer aux autorités locales "pour donner une vision moderniste à la ville d’Oran", l’artiste regrette l’exigüité des lieux, à peine 30 m2, alors que son atelier, vaste de 300 m2 pouvait abriter une véritable salle d’exposition moderne et conçue selon les standards internationaux.

"Des démarches seront prises dans ce sens et j'espère que les autorités concernées me faciliteront la tâche"  

Pour cause de canicule, l’espace n’est ouvert qu’en fin d’après-midi, lorsque le temps est plus clément et que le site de Canastel, réputé pour sa forêt et ses "balcons" sur la mer, accueille de plus en plus de visiteurs et de badauds. 

"Les passants s’arrêtent devant le local. Certains, plus intrépides et plus curieux, franchissent le seuil, découvrent mes œuvres, discutent avec moi et me félicitent pour cette initiative", ajoute encore l’artiste-peintre.

Taleb Mahmoud s’est forgé une solide réputation en tant que calligraphe développant une approche moderne de cet art arabe aux influences perses. Il est également concepteur et créateur de nombreux bas reliefs et gigantesques fresques, ce genre que bien d’artistes redoutent. "J’aime aussi peindre sur des petites surfaces comme sur de grandes dimensions. Cela me fait pas peur, car j’ai la possibilité d’exprimer totalement ce que je ressens", a-t-il indiqué, en rappelant que deux de ses fresques sont exposées au siège de Sonatrach-Aval et à la résidence de la Wilaya d’Oran.

Concernant le marché de l’art, l’artiste-peintre considère que celui-ci est à l’état embryonnaire pour ne pas dire inexistant. "Pour qu’il y est un marché de l’art, il est nécessaire d’avoir un réseau de galeries d’exposition, des vernissages fréquents, une critique de l’art convaincante et professionnelle et des acquéreurs potentiels", a-t-il indiqué, estimant que des mécènes, des institutions, des établissements culturels et de grandes entreprises peuvent contribuer à la maison d’un véritable mouvement bénéfique aussi bien pour l’artiste que pour l’art pictural national.

Si pour le moment Taleb Mahmoud se contente d’exposer une trentaine de ses propres œuvres, il ambitionne d’inviter d’autres artistes  à venir accrocher leurs œuvres même si les actuels lieux ne s’y prêtent beaucoup. 

En attendant, l’artiste-peintre poursuit ses pérégrinations à travers le pays et le monde. Il est sollicité pour prendre part à une prochaine exposition à Tlemcen comme il participera, en automne prochain, à Téhéran, à une exposition dédiée à la calligraphie. "Quatre de mes œuvres ont été déjà expédiées vers l’Iran", a-t-il ajouté. 

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