MSF : le monde est en train de perdre la bataille contre Ebola

Le monde est en train de perdre la bataille contre la progression de l'épidémie d'Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest, a alerté, hier, la présidente de Médecins sans frontières (MSF), Jeanne Liu.  

« En six mois de la pire épidémie d'Ebola de l'Histoire, le monde est en train de perdre la bataille pour la contenir. Les dirigeants n'arrivent pas à bloquer cette menace transnationale », s'est inquiété Jeanne Liu dans un discours prononcé aux Nations unies.

« L'annonce faite le 8 août (par l'OMS) que l'épidémie constituait une ‘’urgence de santé publique mondiale’’ n'a pas été suivie d'une action décisive, et les Etats se sont en général contentés de rejoindre une coalition mondiale de l'inaction », a-t-elle regretté.

Jeanne Liu a appelé la communauté internationale à financer davantage de lits pour mettre en place un réseau d'hôpitaux de campagne, à envoyer du personnel médical qualifié et à déployer des laboratoires volants en Guinée, Sierra Leone et au Liberia.

Elle a, d’autre part, souligné l'acuité particulière de la crise dans la capitale Libérienne, Monrovia, « où 800 lits supplémentaires seraient nécessaires », selon ses estimations.

« Chaque jour, nous devons refuser des malades parce que notre centre est plein », déplore Stefan Liljegren, coordinateur de l'ONG à Monrovia. 

Faute de place dans ses centres de soins surpeuplés du Liberia et de Sierra Leone, des malades continuent de mourir au sein de leur communauté, multipliant les risques de contagion, souligne également MSF. « En Sierra Leone, les cadavres, hautement infectieux, pourrissent dans les  rues », insiste l'organisation.

Les cas d'Ebola s'accroissent rapidement en Afrique de l'ouest et vont probablement continuer à augmenter davantage, a prévenu, de son coté, un haut responsable sanitaire Américain, estimant qu'il faudrait agir de façon urgente et massive pour endiguer l'épidémie.

« Malgré les efforts importants déployés par le gouvernement Américain, les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et des pays affectés, le nombre de cas continue à augmenter et s'accroît désormais rapidement », a indiqué le Dr Tom Frieden, le directeur de ces structures. 

« Je crains qu'au cours des toutes prochaines semaines, ces chiffres vont encore augmenter de façon importante », a ajouté ce médecin après une récente tournée dans les pays d'Afrique de l'ouest touchés par la flambée d'Ebola, d'une ampleur sans précédent depuis l'émergence du virus, en 1976.

Le virus d’Ebola, contre lequel n’existent ni traitement, ni vaccin, a déjà causé plus de 1.550 morts sur 3.069 cas recensés au 26 août par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont 694 au Liberia, 430 en Guinée et 422 en Sierra Leone.

Au rythme de contagion actuel, il faudra six à neuf mois et au moins 490 millions de dollars pour parvenir à maîtriser l'épidémie qui, selon l’OMS, risque d’affecter 20.000 personnes. 

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