Maroc : l'arrestation des deux journalistes français dans le siège de l’AMDH, un acte "grave"

L'association marocaine Freedom Now a condamné l’arrestation, la semaine dernière, par la police de deux journalistes français au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Rabat considérant que cet acte "grave" était une violation des engagements internationaux du Maroc en matière de liberté de la presse et d’expression.

Freedom Now, une association de défense de la liberté de la presse et d'expression, a souligné lundi dans un communiqué que l'arrestation de Louis Perez et Pierre Chautard, deux journalistes de l'agence de production Premières Lignes était marquée par l’introduction "illégale" de plusieurs policiers en civil sans présentation d'aucun document justifiant leur fonction dans les locaux de l’AMDH, principale ONG de défense des droits de l'homme au Maroc.

Cette agression contre le local de l’AMDH a été caractérisée par l’agression de la militante de l'ONG, Rabia Bouzidi, qui a refusé de leur donner les clés du local, a indiqué Feedom Now précisant qu'elle a dû être transportée à l’hôpital suite à ces actes indignes d’une "violence inouïe".

Freedom Now a déclaré qu’à travers ces pratiques, "le Maroc viole ses engagements internationaux en matière de liberté de presse et d’expression" ajoutant qu'il est également "en contradiction" avec les garanties et les valeurs annoncées dans la déclaration universelle pour la protection des défenseurs des droits de l'homme.

  Les deux journalistes, qui réalisaient un documentaire pour la télévision française France 3, ont été interpellés dimanche 15 février au soir à Rabat et leur matériel saisi, alors qu'ils effectuaient une interview dans les locaux de l'AMDH.

Le lendemain, "ils ont été mis dans un avion pour Paris. On leur a rendu leur passeport à la dernière minute. En revanche, les autorités marocaines ont gardé tout leur matériel : leurs caméras, leurs ordinateurs et leurs téléphones portables également", a indiqué à l'AFP Benoît Bringer, rédacteur en chef de Premières Lignes.

Après l'expulsion des deux journalistes français, le jury Albert-Londres a renoncé à se rendre au Maroc pour remettre les prix 2015 de la presse, comme il était prévu, à Tanger.

Dans un communiqué, l'association a estimé que "les conditions précaires de la liberté de la presse dans le royaume sont de notoriété publique et le prix Albert-Londres ne comptait certes pas les passer sous silence. Mais cette volonté systématique d'obstruction au travail d'enquête de journalistes courageux et intègres fait preuve d'un irrespect total à l'égard d'un métier et de valeurs que nous défendons".

"Le prix Albert-Londres ne peut pas laisser planer le doute d'une quelconque indulgence pour des pratiques contraires à notre éthique, encore moins d'une connivence avec des autorités qui ordonnent ou laissent faire", a noté l'association.

Pour rappel, le 23 janvier dernier, une équipe de la chaîne arabophone de France 24 avait été empêchée de tourner une émission consacrée à "l'humour comme moyen d'expression" au motif qu'elle ne possédait pas l'autorisation officielle.

Selon Paul Moreira, le directeur de Premières lignes, les deux journalistes avaient, cette fois-ci, bien demandé depuis plusieurs semaines une autorisation de filmer, mais n'avaient reçu aucune réponse et en avaient donc conclu qu'elle n'était pas obligatoire pour travailler.

Le 77e prix Albert-Londres sera remis dans une autre ville étrangère.

Monde, Maroc