Attaque en Tunisie : les auteurs de l'attentat du musée du Bardo se sont entrainés en Libye

Les deux terroristes identifiés, auteurs de l'attentat du musée du Bardo à Tunis se sont formés au maniement des armes en Libye, a affirmé le secrétaire d'Etat tunisien chargé des affaires sécuritaires.

"Les deux éléments extrémistes salafistes takfiris avaient quitté clandestinement le pays en décembre dernier pour la Libye et ont pu se former aux armes en Libye" avant de regagner la Tunisie, a déclaré Rafik Chelly jeudi soir à la chaîne privée AlHiwar Ettounsi.

"Nous n'avons pas les détails, mais il y a des camps d'entraînement pour les Tunisiens (en Libye) à Sabratha, à Benghazi et à Derna, donc (ils ont pu se former) dans l'un de ces camps", a-t-il ajouté.

Les deux assaillants avaient été identifiés par les autorités comme Yassine Abidi et Hatem Khachnaoui.

M. Chelly a précisé que Yassine Abidi avait été arrêté avant son départ en Libye, sans autres précisions.

L'attaque de mercredi, qui a coûté la vie à 21 personnes dont 20 touristes, a frappé le plus prestigieux musée du pays, faisant 21 morts selon un dernier bilan officiel, et a été revendiquée par le groupe terroriste Etat islamique (EI), qui contrôle de vastes régions en Syrie et en Irak.

Depuis 2011, la Tunisie lutte contre un groupe jihadiste lié au réseau Al-Qaïda au Maghreb islamique, la Phalange Okba Ibn Nafaâ, qui a tué des dizaines de policiers et soldats à la frontière algérienne.

Pour les services de sécurité tunisiens, la principales menace pour le pays est le retour d'au moins 500 Tunisiens ayant combattu en Irak, en Syrie ou en Libye voisine dans les rangs d'organisations terroristes comme l'EI.

Arrestation de neuf personnes suspectes d'être liées aux terroristes

Neuf personnes, suspectées d'avoir été en relation avec les deux assaillants responsables de l'attaque du musée du Bardo à Tunis perpétrée mercredi, ont été interpellées, a annoncé jeudi la présidence tunisienne.

"Le chef du gouvernement (...) a indiqué que les forces de sécurité avaient pu arrêter quatre éléments en relation directe avec l'opération (terroriste) et cinq autres soupçonnés d'être en relation avec cette cellule", précise un communiqué de la présidence, sans donner de détails sur l'identité des personnes interpellées.

Vingt-trois personnes, dont 18 touristes étrangers, ont été tuées dans l'attaque à l'arme automatique mercredi contre le musée du Bardo à Tunis, selon des sources officielles.

D'après les premiers éléments de l'enquête, "l'attaque terroriste a été menée par deux assaillants seulement". Toutefois les autorités estiment que "d'autres parties" ont apporté aux terroristes "un appui logistique et ont préparé les conditions nécessaires pour perpétrer leur attaque".

La veille, le Premier ministre tunisien Habib Essid avait fait état de deux ou trois complices possibles. 

L’armée participera à la sécurisation des grandes villes

"Des mesures de sécurisation des grandes villes de la part de l'armée" vont être prises, a indiqué la présidence dans son communiqué à l'issue d'une réunion "exceptionnelle" qui a notamment jeudi rassemblé le chef de l'Etat, le chef du gouvernement et les responsables des trois armées.

Des militaires seront notamment amenés à effectuer "des patrouilles à l'entrée et aux alentours des grandes villes" et cela se fera "dans la coordination la plus totale" avec la Garde nationale (gendarmerie), selon une source à la présidence.

"On n'est pas en état de siège", a-t-elle tenu à préciser.

Parmi les principales mesures annoncées dans le communiqué figurent "l'appui à la coopération entre les dirigeants de l'armée et de la sécurité au sein des divers forces et corps" et "la révision du système de sécurisation des frontières".

Appel unanime de la presse tunisienne à l'union national contre la menace terroriste

Par ailleurs, les journaux Tunisiens ont appelé unanimement dans les commentaires de jeudi, à l'union nationale pour "faire face à la menace terroriste qui a pris son essor après la révolution de 2011".

« La mobilisation doit être générale, la cohésion totale et le sentiment de responsabilité partagé par tous », souligne le quotidien La Presse.

« Institutions de l'Etat, société civile, médias et citoyens sont appelés à agir comme un seul homme pour placer les intérêts de la patrie au-dessus de toute considération politique, partisane, corporatiste ou idéologique », estime encore le journal.

Le Quotidien relève, pour sa part, que l'attaque de mercredi qui a fait 23 morts dont 18 touristes a marqué une escalade, les deux hommes armés ayant attaqué un musée mitoyen du Parlement où était débattue la future loi anti-terroriste.

« Ces terroristes ont voulu faire comprendre qu'ils demeurent capables de frapper en plein centre de la capitale et pas uniquement dans les régions montagneuses frontalières »,  souligne le journal en référence au groupe de terroristes que l'armée Tunisienne tente de neutraliser depuis plus de deux ans.

Le Temps rappelle quant à lui  l'impact économique qu'aura l'attaque qui a visé le secteur du tourisme, vital pour la Tunisie mais déjà en crise depuis la révolution de 2011.

« Si cette opération terroriste va avoir  un impact considérable sur notre  économie, elle ne signifiera certainement pas la fin de notre Nation dont les citoyens et les différentes unité de la sûreté nationale ne baisseront jamais les bras devant un phénomène barbare », estime ce journal. 

Monde, Tunisie