Guinée : le président sortant remporte la présidentielle avec plus de 57 %, l'opposition demande l'annulation

Le président sortant Alpha Condé a remporté dés le premier tour l'élection présidentielle du 11 octobre en Guinée, avec plus de 57 % des suffrages, selon les résultats provisoires portant sur la totalité des inscrits.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a proclamé samedi les derniers résultats encore attendus, pour Ratoma, la plus peuplée des cinq communes de Conakry, et New York, une des 18 circonscriptions des Guinéens à l'étranger.

Selon la somme des résultats bruts annoncés depuis mercredi par la Céni, qui n'a effectué aucune totalisation par candidat ni encore désigné de vainqueur, Alpha Condé l'emportait avec près de 2,3 millions de voix, soit environ 57,8% des suffrages exprimés.

Il devance le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, en tête à Ratoma et New York, crédité de quelque 1,24 million de voix, soit 31,5 % des suffrages.

Les six autres candidats, dont une femme, étaient très nettement distancés.

La participation s'établissait à environ 68 % des quelque six millions d'électeurs inscrits, sensiblement moins que l'estimation de 75 % initialement donnée par la Céni.

Les Guinéens avaient voté dans le calme le 11 octobre mais sous tension.

La campagne de M. Condé visait une réélection au premier tour, un objectif jugé par ses adversaires irréalisable sans fraude caractérisée, cinq ans après sa victoire sur le fil au second tour sur M. Diallo.

Le chef de l'opposition appelle à manifester "le moment venu"

Les sept adversaires du président Condé ont réclamé l'annulation du scrutin en dénonçant une fraude et en parlant de mascarade, promettant de le contester.

Le chef de l'opposition en Guinée, Cellou Dalein Diallo, a annoncé samedi renoncer à saisir la Cour constitutionnelle contre la réélection au premier tour du président sortant Alpha Condé devant être proclamée dans la journée, et appelé à manifester "le moment venu".

"Dans les prochaines heures, la Céni (Commission électorale nationale indépendante) rendra publics les résultats provisoires du scrutin du 11 octobre", a dit M. Diallo, arrivé en deuxième position, loin derrière M. Condé, selon les chiffres portant sur plus de 90 % des électeurs inscrits.

"Comme vous le savez, cette élection n'a été qu'une mascarade organisée par la Céni et l'administration à l'effet de déclarer M. Alpha Condé élu dès le premier tour", a affirmé le chef de l'opposition, dans une déclaration.

"Au vu de ces multiples irrégularités, le collège des sept autres candidats (en lice contre M. Condé, y compris M. Diallo lui-même, NDLR) a déjà décidé de ne pas reconnaître les résultats de ce scrutin. Je confirme mon adhésion totale à cette décision. Je ne ferai pas, non plus, de recours auprès de la Cour constitutionnelle", a précisé M. Diallo.

"J'inviterai, le moment venu, les autres candidats et tous les citoyens qui sont les vraies victimes de ce hold-up électoral à organiser, conformément à la loi, des manifestations pacifiques pour exprimer notre indignation et protester contre ce grave déni de démocratie", a-t-il dit.

"En attendant, je demande à tous les Guinéens de faire preuve de retenue et d'éviter toute forme de violence", a conclu le chef de l'opposition.

Selon les derniers résultats provisoires, proclamés vendredi soir par la Céni, Alpha Condé obtenait près de 2,2 millions de voix sur environ 92 % des six millions d'inscrits, un score qui, compte tenu de la participation d'environ 68 %, lui assure une majorité absolue au premier tour.

Les résultats ne seront définitifs que lorsqu'ils auront été proclamés par la Cour constitutionnelle, une fois les éventuels recours épuisés.

Le délai pour saisir la Cour constitutionnelle de la validité de l'élection présidentielle est de huit jours à partir de l'annonce de la première totalisation globale des résultats. Faute de recours à l'expiration de ce délai, la Cour proclame élu le président de la République.

Les différentes missions d'observation électorales, notamment de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA), ont constaté une série de problèmes de logistique et d'organisation le jour du vote mais salué le déroulement pacifique de cette élection, soulignant que "la participation massive et l'esprit éventuelle de tranquillité dans lequel l'élection témoignent que le peuple guinéen comprend l'importance d'exercer pacifiquement leur droit civique."

APS

 

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