HRW suspendue au Maroc : des eurodéputés saisissent la Commission européenne

Des parlementaires européens ont saisi dernièrement la Commission européenne sur la demande du gouvernement marocain relative à la suspension des activités de l'Organisation non gouvernementale de surveillance du respect des Droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), sur le territoire marocain et au Sahara Occidental occupé.

Dans une question écrite adressée à la vice-présidente de la Commission et Haute représentante de la politique extérieure de l'UE, Federica Mogherini, les eurodéputés ont dénoncé "les représailles" du gouvernement marocain contre Human Rights Watch, estimant que ces agissements constituent une atteinte à la liberté d'expression.

"Les représailles du gouvernement marocain contre Human Rights Watch sont une atteinte à la liberté d'expression et remettent en cause l'engagement du Maroc à mettre un terme aux violations des droits de l'homme", ont-ils affirmé.

Selon les parlementaires européens, la demande formulée par les autorités marocaines pour la suspension des activités de Human Rights Watch "est en contradiction avec les recommandations de l'Organisation des Nations Unies pour le Maroc pour prévenir et enquêter sur les cas de torture et de mauvais traitements commis par les forces de sécurité".

Le Maroc, ont-ils poursuivi, "doit encore honorer ses engagements à éradiquer la torture et d'autres abus, comme celà a été souligné par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan E. Méndez, dans ses rapports et par d'autres organisations onusiennes".

Human Rights Watch avait déploré la lettre envoyée par le porte-parole du gouvernement marocain, le 23 septembre 2015, réclamant que l’organisation suspende ses activités au Maroc et l’accusant de subjectivité et de parti-pris sans toutefois spécifier ces accusations. Le gouvernement marocain avait publié une version anglaise de la lettre, sur une pleine page de publicité du Wall Street Journal du 2 octobre 2015.

La suspension d’activité réclamée par le gouvernement marocain intervient après l’expulsion, en juin 2015, de deux cadres d’Amnesty International. Elle intervient aussi dans le contexte de restrictions croissantes imposées aux organisations locales des droits de l’Homme, dont l’Association Marocaine des Droits de l’Homme.

L'UE a demandé au Maroc, début octobre, des "explications" concernant le nombre croissant des cas d'expulsion des organisations internationales de son territoire, réagissant à l'expulsion de ces deux cadres d'Amnesty International.

APS

 

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