Tamazight, langue nationale et officielle : Dourari recommande de la transcrire au profit des locuteurs

Au lendemain de l’adoption de la nouvelle Constitution consacrant le Tamazight en qualité de langue nationale et officielle, l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne recevait, ce lundi, le directeur du centre de Tamazight, Abderrezak Dourari.

En préambule, celui-ci souligne qu’en plus d’avoir été une revendication constante, cette langue vient de franchir un « pas de géant », vers l’apaisement identitaire et linguistique, favorable, déclare-t-il, à l’unité de la nation et à une citoyenneté Algérienne unifiée.

Il considère que Tamazigh, l’une des plus vieilles langues écrite d’Afrique du Nord (6 siècles avant JC), se doit d’être transcrite au profit des locuteurs rappelant, par exemple, qu’en Kabylie, la graphie dominante pour l'écrire est le Latin, chez les Chaouias et les Mozabites l’Arabe, alors qu'au niveau des populations Touarègues, c’est le Tifinagh.

Faudrait-il adopter une transcription unique où bien serait-il plus approprié de laisser le choix aux locuteurs ? En tout état de cause «Une graphie unique de Tamazigh n’est pas pour demain», affirme  M. Dourari, estimant plus approprié de répondre aux souhaits de chaque région en y adaptant l’usage d’une graphie particulière.  

A propos de l'unification de la langue Amazigh, réunissant toutes les variétés linguistiques, l’invité tient à prévenir contre toute «standardisation» de cette langue, car, estime-t-il, cette démarche risque de l’éloigner de ceux qui la pratiquent habituellement. Selon lui, il sera, plus judicieux, de développer les variétés déjà existantes. 

A titre d'exemple, il rappelle l’expérience du Maroc qui, à partir du Chleuh, a cherché à imposer «l’Amazigh standard», donnant lieu à une langue «totalement artificielle» que ne comprennent, dit-il, ni les locuteurs natifs, ni ceux chargés de l’enseigner et « qui, finalement, ne sert strictement à rien».

Le directeur du Centre de Tamazigh cite, aussi, le cas de la normalisation de la langue Arabe, vers le 8ème siècle, devenue celle de l’élite arabisante, et qui n’est revendiquée comme la langue maternelle de personne, «pas même des Saoudiens». 

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