Maghreb : une mini crise diplomatique ouverte entre Nouakchott et Rabat

L'inspection du travail en Mauritanie a empêché de nombreux ingénieurs et cadres marocains travaillant pour la compagnie de télécommunication mauritanienne Mauritel de se rendre à leurs postes de travail, depuis quelques jours, à Nouakchott. Le système bancaire est touché mercredi par la même sentence afin d'amener les banques étrangères à respecter la loi. 

Suite à des prolongements des rebondissements diplomatiques, le ministère mauritanien de l’Emploi a procédé à l’annulation des permis de travail des ingénieurs et du personnel technique et administratif marocains de Mauritel.

Leur séjour chez le voisin du Sud est donc compromis, constate-t-on à ladite entreprise. Seul le directeur général, également de nationalité marocaine, continue à assumer normalement ses fonctions. 

Cette initiative est jugée par les marocains d’autant plus surprenante que la compagnie mauritanienne est détenue majoritairement, à hauteur de 51%, depuis 2001, par l’opérateur Maroc Télecom. De même, estime la presse locale, cette  décision ouvre une nouvelle étape dans les relations, déjà crispées, entre le Maroc et la Mauritanie.  

A un mois de la tenue de la 27e session du Sommet arabe prévue à la mi-juillet prochain à Nouakchott, cette mini crise diplomatique "silencieuse" entre ainsi en phase ouverte, surtout après les vaines tentatives du ministre des Affaires étrangères mauritanien d'être reçu par les hauts responsables du Royaume afin de leur transmettre une invitation de la présidence pour le prochain Sommet arabe.  

L’attitude des autorités marocaines s’explique, estime-t-on, par le fait que la Mauritanie a particulièrement tenu à marquer sa présence aux funérailles du défunt chef du Polisario Mohammed Abdelaziz.

Coté Mauritanie, on justifie cette décision par le fait de contrôler la totalité d'une entreprise stratégique de téléphonie comme Mauritel et explique que cette attitude dictée par le souci de ne plus donner des postes stratégiques à des étrangers mais à des nationaux. 

Les marocains n'ont pas accepté que la délégation présente à cette cérémonie a même été jusqu’à se rendre à Bir Lahlou, sur le territoire occupé, pour assister à l’enterrement du défunt président sahraoui.

Ce n’est pas tout, la présidence de la Mauritanie a, de surcroît, adressé un message de condoléances à la direction du Polisario dans lequel elle a qualifié le défunt de chef d’Etat. 

Un rapprochement mal vu par Rabat qui juge : "qu’en agissant de la sorte, le voisin de Sud montre ouvertement qu'il s'est départi de toute neutralité dans le dossier du Sahara" et par conséquent les autorités mauritaniennes décident de mettre fin au permis de travail des ingénieurs et techniciens marocains. 

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