Le professeur Youcef Benabdallah : en Algérie il n’existe pas un problème de ressources mais de rationalisation des dépenses

S’exprimant, jeudi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, l’expert Youcef Benabdallah note que la question de la rationalisation des dépenses budgétaires, traitée lors du Conseil des ministres de mercredi, est un aspect qui a été à l’ordre du jour pendant une quinzaine d’années, mais qui s’est « éclipsé » durant la période d’aisance financière.  

Pour ce professeur à l’Ecole nationale supérieure des statistiques et des économies appliquées, cette rationalisation, en plus de permettre un contrôle pointu des dépenses de l’Etat, visait à l’origine à « rééquilibrer les pouvoirs » entre les élus des deux chambres et l’exécutif, lequel se doit de rendre compte de ses actions à ces dernières, « ce qu’il ne fait généralement que six années après ».

Il observe que « l’aisance financière » dans laquelle a baigné le pays, durant quelques années, a occulté la nécessité de rationaliser les dépenses budgétaires. « En effet, dit-il, on a tendance, en Algérie, à ne gérer ces dépenses que lorsqu’il y a rareté »

Rappelant une rencontre organisée en 2014 par le CNES, l’intervenant signale  que lors des débats, il avait été attiré l’attention du gouvernement sur l’urgence à adopter des mesures structurelles et à ne pas prendre en compte les seules approches financières. Il note que quatre année après on est encore  à se demander si cette recommandation a servi de leçon

Si, prévient-il, dans trois ou quatre ans des décisions destinées à changer des comportements des opérateurs institutionnels et économiques ne sont pas prises, il va falloir revenir à des mesures d’ajustements structurels « un peu plus dures »

Commentant le modèle social de l’Algérie, le professeur Benabdallah estime d’autre part qu’il est « tout à fait insoutenable ». C’est le seul modèle, commente-t-il, qui concilie les aspects sociaux et économiques entièrement « inconciliables ».

Il observe, d’autre part, que le pays n’est pas confronté à un problème de ressources mais de mobilisation de celles-ci. Il en veut pour preuve les quelque 120 milliards de dollars d’impayés que l’Etat n’a pas encore récupérés, « parce que les gens n’ont pas voulu payer leurs impôts où leurs amendes, ou bien que des entreprises ont été mises en faillite. Et d‘asséner qu’il n’existe pas un problème de ressources, mais un problème de gouvernance, vis-à-vis duquel, souligne-t-il, chacun doit prendre ses responsabilités ».

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