Ouyahia appelle les agriculteurs à opérer "une révolution de mentalités" pour la relance du secteur

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a appelé lundi à la clôture des Assises nationales de l'agriculture, tous les agriculteurs à opérer "une révolution des mentalités" en vue de relancer et moderniser le secteur de l'agriculture, affirmant que l'Etat était déterminé à consacrer le principe de "la terre appartient à celui qui l'exploite". 

"Je lance un appel à mes frères agriculteurs et súurs agricultrices pour opérer une révolution des mentalités et permettre au secteur d'aller de l 'avant", a déclaré M. Ouyahia devant un parterre d'agriculteurs et d'acteurs du secteur en présence de membres du Gouvernement.

Le Premier ministre a salué le message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, adressé aux participants à la rencontre, un message qui "rassure" le monde rural quant au "souci de l'Etat de se mettre aux côtés des agriculteurs et de continuer à leur apporter soutien et assistance". 

Cependant, la relance du secteur, poursuit M. Ouyahia, "ne sera pas possible si nous n'exploitons  pas les 3 millions d'hectares de terres agricoles inexploitées" dans notre pays. 

Pour faire face à cette situation, M. Ouyahia a souligné le souci de l'Etat d'"exploiter réellement l'ensemble des terres agricoles domaniales qui ont été octroyées, soit dans le cadre de concessions ou pour d'autres projets", affirmant que l'Etat úuvre à la concrétisation du principe de +la terre appartient à celui qui l'exploite". 

Il a mis en avant, à ce propos, la nécessité de réaliser le "développement agricole" des terres des Hauts-plateaux et du Sud et l'ouverture d'un "débat national audacieux" au sujet de ce qui est communément appelé "les terres aarch" afin de sortir avec un consensus visant l'exploitation de ces terres pour le pâturage ou à des fins agricoles au profit des habitants de ces régions". 

Cette révolution des mentalités exige, selon le Premier ministre, la modernisation et l'ouverture du secteur sur l'investissement privé, national ou étranger. 

"On ne peut concevoir le développement du secteur de l'agriculture sans l'entrée de capitaux", a souligné M. Ouyahia, relevant, à ce titre, que 80% de la production industrielle était assurée par le secteur privé, mettant l'accent toutefois sur la nécessité de "réglementer et d'encadrer" ces capitaux. 

Pour M. Ouyahia, la révolution des mentalités nécessite également l'introduction de davantage de technique et de mécanisation, ajoutant que le désintérêt des jeunes pour le labour était dû au faible taux de mécanisation, une faiblesse fustigée par le président de la République dans son message.

L'Etat veillera à faciliter l'intégration des diplômés des instituts agronomiques dans le monde rural

 Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a indiqué que l'Etat veillera à encourager les diplômés des instituts agronomiques à intégrer le monde rural et à investir le secteur agricole.

L'Etat veille à réaliser la complémentarité entre les secteurs de l'agriculture et de l'enseignement et de la formation professionnels, d'une part, et le secteur de l'équipement et du machinisme, d'autre part, a précisé M. Ouyahia.

Il existe 30 facultés et instituts universitaires agronomiques d'où sortent annuellement 13.000 diplômés, dont 5.000 titulaires d'un master, et 300 centres et instituts de formation professionnels d'où sortent annuellement 30.000 diplômés dans les filières de la production agricole et du machinisme agricole, a fait savoir le Premier ministre.

"Près de 45.000 jeunes sont diplômés annuellement de ces instituts. Nous encourageons ces compétences à s'orienter vers le monde rural et à investir l'agriculture", a-t-il dit.

Concernant le machinisme, M. Ouyahia a relevé le manque enregistré dans l'agriculture algérienne en matière de machines malgré l'existence d'entreprises nationales produisant ce types d'équipements et des sommes importantes qui y sont consacrées.

"Il y a un dysfonctionnement auquel il faut remédier. Nous veillerons à la mécanisation de l'agrioculture", a-t-il affirmé.

Le secteur agricole est le deuxième secteur créateur de richesse en Algérie après celui des hydrocarbures, a précisé le Premier ministre, ajoutant qu'il s'agit d'un secteur prometteur pour l'Algérie en termes de développement local et rural, de création de richesses et d'emplois et de promotion des exportations.

L'Agriculture sera au cœur de la décentralisation du pays, a-t-il soutenu, précisant que les walis avaient été chargés d'accorder davantage d'intérêt au secteur afin de relancer la production agricole, de créer une meilleure dynamique et d'assurer la complémentarité entre les différentes activités économiques.

Eventuelle révision de la liste des activités agricoles concernées par les mesures incitatives-

Par ailleurs, M. Ouyahia qui a évoqué la répartition des produits agricoles, a fait état de la disponibilité de l'Etat "en cas de besoin" à revoir la liste des activités agricoles concernées par les mesures incitatives afin ,a-t-il dit, d'encourager davantage la répartition, l'industrie manufacturière et l'exportation. 

Saluant les efforts déployés par les communes en matière de mise en place de marchés pour les produits agricoles, le Premier ministre a appelé à  créer davantage d'espaces permettant à l'agriculteur et au distributeur de  mieux coordonner leurs actions, avant d'exhorter les opérateurs du secteur à adopter une vision prospective. 

M. Ouyahia a réaffirmé, à ce propos, l'attachement de l'Etat à préserver le produit national "en dépit des critiques", tout en espérant voir en contre-partie les entrepreneurs investir dans le secteur et dans la réalisation d'usines de transformation des produits agricoles. 

Il a également appelé les agriculteurs à s'organiser à travers les mutuelles et chambres agricoles afin de pouvoir défendre leurs intérêts de manière concertée. 

 Nouvelles mesures au profit du secteur avant la fin de l'année

Le Premier ministre a réaffirmé le souci du gouvernement d'appliquer les recommandations issues des assises et de veiller à les transférer en ateliers pratiques en vue d'aboutir à des mesures pratiques avant la fin de l'année.  

A ce sujet, il a fait état de l'existence de "recommandations pratiques et de propositions. Nous accorderons la priorité aux recommandations pratiques sans, toutefois, négliger les autres recommandations". 

M. Ouyahia a affirmé que ces mesures attendues qui répondent à l'appel du président de la République à l'adresse des participants aux Assises, devront conférer " une efficacité" plus grande au soutien de l'Etat à ce secteur, à celui de la pêche ainsi que le secteur des forêts. 

Ces Assises ont été précédées par 9 ateliers lancés le 11 mars, auxquels ont participé plus de 1.500 acteurs et experts. Ces ateliers avaient porté  essentiellement sur 3 axes, à savoir le développement des moyens de production, la promotion des filières agricoles et la réactivation de la régulation et du contrôle.

 

                 

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