Nucléaire iranien : la Russie, la Chine et les Européens défendent l’accord

La décision du président américain de dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien est rejetée par les autres signataires. La Russie, la Chine et les Européens (France, Grande-Bretagne et Allemagne) défendent l’accord.

Les ministres français, britannique et allemand des Affaires étrangères rencontreront lundi prochain des représentants de Téhéran pour voir comment préserver l'accord sur le nucléaire iranien après le retrait des Etats-Unis, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie française.

"Nous allons nous réunir avec mes collègues britannique et allemand lundi prochain, avec aussi les représentants de l'Iran, pour envisager l'ensemble de la situation", a déclaré Jean-Yves Le Drian sur la radio RTL. Ces trois pays sont cosignataires de l'accord de 2015 avec la Chine, la Russie et l'Iran.

"Il faut que les Iraniens poursuivent cette détermination à rester dans l'accord en échange d'avantages économiques que les Européens vont essayer de préserver", a souligné Jean-Yves Le Drian.

L'accord vise à faciliter les échanges commerciaux avec l'Iran en échange d'un engagement de Téhéran à limiter ses activités nucléaires, mais les firmes européennes pourraient en être dissuadées en raison des sanctions réintroduites mardi par Donald Trump.

Le président iranien Hassan Rohani a dit mardi soir vouloir discuter avec les Européens, les Russes et les Chinois pour voir si ces derniers peuvent garantir les intérêts de l'Iran après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien.

Mais il a menacé de reprendre l'enrichissement d'uranium" sans limite" si ces négociations ne devaient pas donner les résultats escomptés dans les "semaines à venir".

La Russie "profondément déçue" par la décision de Trump

De son côté, la Russie s’est déclaré "profondément déçue" par la décision du président américain Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, dénonçant "une violation grossière du droit international".

"Nous sommes profondément déçus par la décision du président américain de sortir unilatéralement" de l'accord et de "rétablir les sanctions américaines envers l'Iran", selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères..

Selon Moscou, cette décision de Donald Trump "est une nouvelle preuve de l'incapacité de Washington de négocier" et les "griefs américains concernant l'activité nucléaire légitime de l'Iran ne servent qu'à régler les comptes politiques" avec Téhéran.

"Il n'y a aucune raison pour saper l'accord qui a prouvé son efficacité", souligne la diplomatie russe. "L'Iran respecte strictement ses engagements, ce qui est régulièrement confirmé par l'AIEA" (Agence internationale de l'énergie atomique), selon la même source.

La Russie a fait partie du Groupe 5+1 avec les Etats-Unis, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et Allemagne qui a signé en 2015 avec Téhéran l'accord sur le nucléaire présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d'éviter que l'Iran n'obtienne l'arme nucléaire.

La Chine appelle à sauvegarder l'accord malgré Trump

Pays signataire, la Chine a appelé mercredi à sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien, en dépit du retrait des Etats-Unis annoncé par le président Donald Trump, une décision que Pékin a dit "regretter".

Signataire de l'accord de 2015, la Chine "regrette la décision des Etats-Unis" et "appelle toutes les parties à agir de façon responsable en considérant le long terme et l'intérêt général", a martelé Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.

"Nous appelons toutes les parties à revenir dès que possible" au respect du texte, tandis que Pékin "poursuivra ses efforts pour préserver et appliquer l'accord", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse.

Guterres exprime ses préoccupations suite au retrait des Etats-Unis

Autre réaction, celle du Secrétaire général des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres qui a exprimé mardi ses "profondes préoccupations" suite à la décision prise par le président américain Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

"Je suis profondément préoccupé par la déclaration d'aujourd'hui (de Trump) selon laquelle les Etats-Unis se retireront du Plan d'action global conjoint (JCPOA) et commenceront à rétablir les sanctions américaines (contre l'Iran)", a annoncé M. Guterres dans un communiqué.

"J'appelle les autres parties prenantes du JCPOA à respecter pleinement leurs engagements dans le cadre du JCPOA, et tous les autres pays membres (des Nations Unies) à soutenir cet accord", a dit le chef de l'ONU.

Erdogan : Les Etats-Unis seront "les perdants"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué mercredi la décision de son homologue américain Donald Trump de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, estimant que les Etats-Unis seraient "les perdants" d'une telle mesure.

"Les Etats-Unis seront les perdants car ils ne respectent pas un accord qu'ils ont signé", a affirmé M. Erdogan dans une déclaration publiée par l'agence étatique Anadolu.

"Vous ne pouvez pas vous retirer des accords internationaux quand bon vous semble", a-t-il ajouté.

Dans une première réaction mardi soir, le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin avait critiqué cette décision estimant qu'elle risquait d'ouvrir la voie à de "nouveaux conflits" dans la région.

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