Les deux pays sont pourtant alliés stratégiques à l’OTAN : Erdogan-Trump deux puissants dos à dos

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui impute à un "complot" américain la chute brutale de la livre turque, a accusé ce lundi les Etats-Unis de chercher à frapper la Turquie "dans le dos".

"D'un côté, vous êtes avec nous dans l'Otan et, de l'autre, vous cherchez à frapper votre partenaire stratégique dans le dos. Une telle chose est-elle acceptable?", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. "D'un côté, vous dites être notre partenaire stratégique et, de l'autre, vous nous tirez dans les pieds", a-t-il poursuivi. 

La Turquie subit des pressions financières immenses de la part de son principal allié les Etats-unis. Une pression qui s’apparente à une déclaration de guerre contre la défiance du président turc aux allégations et pressions américaines.

Les USA de trump - lui-même en perte de popularité - complotent contre Erdogan depuis l’éclatement en public de l’affaire du pasteur emprisonné à Ankara  depuis deux ans et le contrat des anti-missiles balistiques avec la Russie, laissent entendre l’analyste turc Lotfi Bulguène au micro de la Chaine 3.

« Oui, c’est la riposte par une défiance que mène Erdogan contre les menaces du président Trump déclenché sous l’alibi du pasteur américain et emprisonné en Turquie pour connivences terroristes de par ses liens avec le terrorisme menaçant », indique M. Boulguène ajoutant que le président Erdogan a refusé d’abdiquer aux dépens de la justice et les intérêts suprêmes de son pays.

La pression qu’exerce Trump sur Erdogan pour que le pasteur soit relaxé est dictée par les évangélistes – au grand pouvoir aux USA – et que le président américain se doit d’appuyer afin de gagner leur soutien, explique l’analyste turc soulignant que le président turc a raison de ne pas se soumettre refusant l’ingérence dans la justice de son pays.

Pour la stabilisation financière en Turquie  et pour riposter aux sanctions économiques promulguées contre la Turquie, cette dernière mène une politique alerte surtout sur le plan économique.

La banque centrale prendra "les mesures nécessaires"

La banque centrale de Turquie a annoncé lundi qu'elle prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour assurer la stabilité financière, alors que la livre turque s'écroule depuis plusieurs jours.

Elle a notamment affirmé qu'elle fournirait "toutes les liquidités nécessaires aux banques". La livre turque bat des records à la baisse ces derniers jours, sur fond de tensions avec Washington.

Ces annonces ont en partie permis d'enrayer les pertes enregistrées par la livre sur les marchés asiatiques: la devise turque s'échangeait à 6,65 contre un dollar en matinée, après avoir atteint un plus bas historique à 7,2362 livres contre un dollar dans la soirée de dimanche 

Elle avait perdu jusqu'à 16% de sa valeur face au dollar vendredi.

Le ministre des Finances, Berat Albayrak, avait annoncé dimanche soir dans une interview au quotidien progouvernemental Hürriyet que les "mesures nécessaires" seraient prises lundi "pour soulager les marchés".

"La banque centrale surveillera de près la profondeur des marchés et (l'évolution) des prix, et prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité financière, si cela est jugé nécessaire", a ainsi déclaré la banque centrale dans un communiqué publié lundi matin.

Elle promettait également de "fournir aux banques toutes les liquidités nécessaires".

La banque a également révisé les taux de réserves obligatoires pour les banques, également dans le but d'éviter tout problème de liquidité.

Selon un deuxième communiqué, environ 10 milliards de livres, 6 milliards de dollars et l'équivalent de 3 milliards en or de liquidités seront fournis au système financier.

La devise turque s'est effondrée la semaine dernière sur fond de crise diplomatique avec Washington et de défiance accrue des marchés envers la gestion économique de M. Erdogan.

Les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis, qui ont pris des sanctions réciproques contre des responsables gouvernementaux, sont notamment liées au sort d'un pasteur américain, Andrew Brunson, détenu par Ankara.

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