RDC : la victoire de Tshisekedi à la présidentielle validée malgré les "doutes sérieux" de l’UA

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo (RDC) a finalement validé dimanche la victoire de l'oppsant Félix Tshisekedi à la présidentielle du 30 décembre, mettant fin à la confusion et aux "doutes" émis dans le pays et à l'étranger sur les résultats du scrutin.

Après la validation de la victoire de M. Tshisekidi le scénario d'une cohabitation entre le nouveau président issu de l'opposition et l'alliance du président sortant, Joseph Kabila, qui a remporté les législatives, se précise davantage.

Le candidat Félix Tshisekedi, 55 ans, a été donc déclaré officiellement cinquième président de la RD Congo par la Cour constitutionnelle. La Cour "proclame élu à la majorité simple président de la République démocratique du Congo Tshisekedi Tshilombo Félix", a déclaré le président de la plus haute juridiction du pays, Benoît Lwambwa Bindu.

L'institution a ainsi validé tels quels les résultats provisoires annoncés le 10 janvier par la Commission électorale (Céni), donnant M. Tshisekedi vainqueur avec 38,5% des voix, devant un autre opposant, Martin Fayulu, (34,8%) et le candidat de l'alliance du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary (23%).

Quant au recours déposé par le candidat malheureux Fayulu contre le résultat de la présidentielle, la Cour l'a rejeté en le considérant comme "non fondé". Dans son arrêt, Elle a estimé que M. Fayulu, qui dénonce "un putsch électoral" et se déclare "seul président légitime" n'avait "pas apporté la preuve" que les résultats de celle-ci n'étaient pas conformes à la réalité.

Le fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi (décédé en 2017), Félix Tshisekedi, succède ainsi au chef de l'Etat sortant Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, en janvier 2001. Le président sortant n'a pu briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution, mais son parti a remporté les élections législatives organisées le même jour que la présidentielle.

La cohabitation Tshisekedi/Kabila au Parlement se précise

Selon le calendrier de la Céni, M. Tshisekedi devra prêter serment le 22 janvier et devra cohabiter avec un Premier ministre issu de l'actuelle majorité pro-Kabila, qui a obtenu une vaste majorité (337 sièges sur 500) à l'Assemblée nationale d'après la Commission électorale, une alternance rarissime en Afrique centrale. Dans ce sens, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) avait appelé récemment à "instituer un gouvernement d'union" en RD Congo pour éviter une aggravation de la situation politique dans le pays.

Tout juste proclamé vainqueur M. Tshisekedi avait déclaré: "Je rends hommage au président Kabila. Aujourd'hui nous ne devons plus le considérer comme un adversaire mais plutôt comme un partenaire de l'alternance démocratique dans notre pays".

Les "doutes sérieux" de l'Union africaine

En attendant, l'Union africaine (UA) qui avait auparavant demandé la "suspension" des résultats du scrutin évoquant "des doutes sérieux" va dépêcher lundi à Kinshasa une délégation de haut niveau conduite par le président de sa Commission, le Tchadien Moussa Faki, et par son président en exercice, le chef de l'Etat rwandais Paul Kagame.

Pour rappel, la position de l'UA à l'égard des élections congolaises a été vivement dénoncée par le gouvernement et par les partisans de M. Tshisekedi comme "une atteinte à la souveraineté de la RDC".

Interrogé vendredi sur la décision de l'UA, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a fait valoir que cette position n'avait pas été exprimée par l'UA en temps qu'institution. "Ce n'était pas l'Union africaine, c'était un sommet d'un groupe de pays invités par le président de l'Union africaine" (en l'occurrence, le chef de l'Etat rwandais Paul Kagame), a dit le secrétaire général de l'ONU.

M. Guterres a, par ailleurs, indiqué lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, qu'il espérait que le processus électoral en République démocratique du Congo s'achèverait "sans violences" et dans "le plein respect" de la volonté exprimée par la population. "Il faut aussi que ce processus soit conforme aux règles constitutionnelles en vigueur dans le pays", a-t-il ajouté. APS

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