Fête de la Victoire (19 mars 1962): une célébration dans un contexte politique national particulier

C’est dans un contexte particulier que l’Algérie célèbre, cette année, Le 57ème anniversaire de la fête de la Victoire (19 mars 1962), marquant l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre les maquisards de l'ALN et les forces d'occupations Françaises, des suites à la signature des accords d'Evian. 

Mobilisés par millions, aspirant à un changement politique en profondeur dans leur pays, les Algériens se sont à nouveau réapproprié la rue pour réaffirmer, par leur slogans, peints également sur de sommaires pancartes comme sur de larges banderoles, leur attachement aux idéaux de la guerre de libération nationale.

Au milieu d'une floraison d'emblèmes, ils étaient nombreux à porter les portraits de ces trop nombreux ainés morts pour leur pays. Comme lors de chaque manifestation, ces portraits ont été brandis comme une identité politique de ce mouvement au milieux des airs de l’hymne national et d’autres chants patriotiques entonnés en chœur pour exprimer les mêmes espoirs.   

Le goût de la victoire

Intervenant sur les ondes de la radio Chaine 3, Abdelmadjid Djouab, chef des Fedayine à Alger se remémore ce jour de joie et de victoire et il témoigne sur cette image de l’armée coloniale qui pleure leur défaite. «Les bataillons stationnés sur les hauteurs d’Alger contemplaient la ville en pleurant. Ils savaient qu’ils ont perdu ce pays».

Youcef Nessar, installé à l’époque au niveau du poste frontalier algéro-tunisien décrit avec la même émotion ce sentiment de victoire.

Oui, cette fête de la Victoire, célébrée le 19 mars de chaque année, constitue le couronnement d'une lutte courageuse du peuple algérien, de plus de 132 ans, contre le colonialisme français avec un lourd tribut fait de chouhada, de disparus, d'invalides, de veuves et d'orphelins, ainsi que de destruction et de ravage de milliers de villages et de hameaux à travers le territoire national. 

Les accords d’Evian ou la capitulation d’un empire devant la détermination populaire

Avant la signature de ces Accords le 18 mars 1962 à l'hôtel du parc à Evian-les-Bains (Haute-Savoie, France), qui s'était traduit le lendemain (19 mars 1962) par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien, la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), conduite par feu Krim Belkacem, avait rejeté tout au long de ces négociations, entamées le 20 mai 1961, toutes les propositions présentées par la partie française hypothéquant la souveraineté nationale ou l'intégrité territoriale du pays après son indépendance.

Concernant le sort et le statut des Français d'Algérie après l'indépendance, les deux parties étaient parvenues à un accord accordant un délai de trois ans aux Français pour choisir la nationalité algérienne ou de garder leur nationalité française et être traités conformément aux lois qui régissent les étrangers en Algérie.

Le porte-parole du GPRA à ces négociations, feu Réda Malek, avait indiqué que les Accords d'Evian avaient "intégralement" repris les principes fondamentaux mentionnés dans la Déclaration du 1er novembre 1954, à savoir l'intégrité du territoire, l'unité du peuple algérien et l'indépendance nationale.

"Si nous avions accepté la division de l'Algérie, avec un Sahara sous contrôle français, nous aurions été confrontés très vite à une véritable guerre civile", avait-il dit.  

Concernant l'utilisation de la base navale de Mers-El-Kebir (Oran), il avait précisé qu'au début des négociations, les représentants de la France voulaient en faire d'elle "une enclave sous souveraineté française", ajoutant que cette option était "inacceptable" pour la délégation algérienne.

"Après de longues discussions, nous nous sommes entendus sur une location, alors que Paris exigeait une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans, une période de quinze ans a été retenue. Le contrat devait être signé après l`indépendance, mais nous avons toujours refusé de le parapher", avait-il  poursuivi.

Sur les dispositions des Accords permettant aux pieds noirs qui le souhaitent de rester, il avait affirmé que la délégation algérienne "avait donné des garanties afin qu’ils puissent vivre en paix" en Algérie.

 

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