Crise Libyenne: poursuite des combats et appels à un règlement pacifique

Les affrontements armés en Libye entre les troupes du Maréchal Khalifa Haftar et les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) se poursuivaient lundi après cinq jours de combats intenses pour empêcher les troupes du maréchal Khalifa Haftar d'avancer vers Tripoli.

Les hostilités menées par Haftar visent à prendre possession de la capitale où siège le GNA, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale qui appelle à la retenue et un règlement pacifique de la  crise.

 La Libye qui  peine à sortir de cette crise politique depuis la chute de Mouammar el Guedafi en 2011, est aujourd'hui le théâtre d'une lutte violente. Si un gouvernement d'union nationale a été proclamé et installé en 2015 à Tripoli, l'Est est depuis des années aux mains d'une force paramilitaire conduite par le Maréchal Haftar. 

En effet, depuis le 4 avril, une vaste offensive visant à conquérir la capitale a été lancée par le maréchal Haftar, qui se retrouve aujourd'hui aux portes de Tripoli au terme de combats sanglants qui ont fait 32 morts et une cinquantaine de blessés selon un bilan du ministère de la Santé du GNA. 

Cette offensive intervient, alors que le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres effectuait une visite dans le pays et à quelques jours de la tenue d'une Conférence nationale sous l'égide de l'ONU (14-16 avril), pour dresser une "feuille de route" visant à sortir le pays du conflit auquel il fait face depuis 2011.

Le président du Conseil présidentiel du GNA Fayez al Sarraj, soutenu par l'ONU, a accusé le maréchal Haftar d'oeuvrer à "saper le processus politique" pour plonger le pays dans un cycle de violence et de guerre destructrice". Une situation qui a poussé la communauté internationale à multiplier les appels au calme. 

"Nous avons tendu nos mains vers la paix mais après l'agression qui a eu lieu de la part des forces appartenant à Haftar et sa déclaration de guerre contre nos villes et notre capitale (...), il ne trouvera que force et fermeté", a prévenu M. Al-Sarraj.

Néanmoins, l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a déclaré que la conférence nationale prévue en avril en Libye serait maintenue, malgré l'assaut lancé par le maréchal Khalifa Haftar pour s'emparer de la capitale Tripoli.

"Nous sommes déterminés à organiser" cette conférence inter-libyenne "à la date prévue", du 14 au 16 avril, "sauf si des circonstances majeures nous en empêchent", a-t-il dit, affirmant le soutien de l'ONU au peuple libyen pour assurer le succès du processus politique, loin de toute escalade.

Préoccupée, la communauté internationale appelle à la retenue

M. Guterres a achevé vendredi une visite en Libye, sa première depuis sa nomination à son poste en 2016, sur une note de "profonde inquiétude et un  cœur lourd", avait-il dit en quittant Benghazi, "espérant toujours qu'il est possible d'éviter une confrontation sanglante à Tripoli et dans ses environs".

L’Algérie a dit suivre avec une "extrême préoccupation" les derniers développements intervenus en Libye et appelle toutes les parties à "la retenue", estimant que toute "escalade militaire est de nature à compromettre les efforts en cours".

En outre, la mission de l'ONU en Libye (Manul) avait précédemment lancé un "appel urgent" à une trêve de deux heures dimanche dans la banlieue sud de Tripoli pour permettre l'évacuation des blessés et des civils face à l'escalade militaire. 

Dans le même temps, la communauté internationale a multiplié les appels à Khalifa Haftar pour que ses forces cessent leur offensive vers Tripoli.

Lors du G7, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7) ont "exhorté" tous les acteurs à stopper "immédiatement" tous "les mouvements militaires vers Tripoli, qui entravent les perspectives du processus politique mené par les Nations unies".

Les Etats-Unis se sont dit "profondément préoccupés" par les combats et ont appelé à l'"arrêt immédiat" de l'offensive lancée vers la capitale libyenne par le maréchal Khalifa Haftar, a déclaré dimanche le secrétaired'Etat américain Mike Pompeo.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé à un règlement pacifique la crise politico-militaire qui déchire actuellement la Libye, exhortant Conseil de sécurité de l'Onu à initier des dialogues entre les partis rivaux libyens.

Le Secrétaire général de la Ligue arabe (LA), Ahmed Aboul-Gheit, a lui, demandé à l'ensemble des parties libyennes de faire preuve de retenue et de désamorcer immédiatement la situation militaire dans les régions occidentales du pays et à considérer la voie politique comme la seule  solution à la crise libyenne.

Avant la Russie, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé les protagonistes libyens à faire baisser les tensions et à trouver une solution politique. Le Canada et la Tunisie, pays voisin de la Libye, ont aussi exprimé leurs inquiétudes.

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