« Plus l’argent du pétrole entrait dans les caisses de l’Etat et plus la corruption et les enrichissements illicites prenaient des proportions inquiétantes ».
Pour le porte-parole de l’Association Algérienne de lutte contre la corruption, les phénomènes de détournement de l’argent public, d’évasion fiscale, de fuite des capitaux et de blanchiment d’argent, avaient tendance à prendre des proportions « extrêmement inquiétantes », particulièrement où les cours du brut étaient à leur plus haut niveau.
S’exprimant, lundi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, M. Djillali Hadjadj constate que cette incurie a commencé à baisser au moment ou les cours s’étaient effondrés, « ce qui, dit-il, n’était pas une mauvaise chose pour freiner cette corruption ».
Il relève que ce fléau « tentaculaire », gangrenant tous les organismes publics, n’est pas le propre de dignitaires du régime ou de hauts fonctionnaires, mais qu’il était aussi présent dans les régions les plus reculées d’Algérie, à travers ses phénomènes de pots de vin et autres commissions sur les marchés publics.
Mettant en avant des estimations d’organismes internationaux, l’intervenant relève que sur la période des 15 dernières années, ce sont quelque 60 milliards de dollars à avoir été détournés, des chiffres dont il précise qu’il faut y ajouter ceux concernant la fuite des capitaux, l’évasion fiscale et autre blanchiment d’argent.
Parmi les secteurs concernés par ces activités parasitaires, M. Djillali Hadjadj mentionne les « affaires qui ont entachées Sonatrach, le projet de construction de l’autoroute Est-Ouest et d’autres encore, dont il révèle que les dossiers se trouvent présentement « dans les tiroirs des services de police judiciaires et de l’ex-DRS ».
Pour autant, dit-il que, dans les prochains mois ou les prochaines années, l’on s’inscrive dans des changements positifs, il ne serait pas très difficile de sortir ces dossiers et de les traiter conformément aux lois du pays.
Citant, par ailleurs, l’indice de corruption de Transparency International, il note que les dix pays ayant le plus grand nombre d’échanges commerciaux avec l’Algérie, ne figurent curieusement pas dans la liste de ceux perçus comme les moins corrompus.
L’invité signale que l’Algérie pourrait facilement obtenir la liste de ses ressortissants ayant ouvert des compte bancaires dans des pays adhérant à la Gafi, un organisme de lutte contre le blanchiment d’argent dépendant de l’OCDE, seulement voilà, indique-t-il, « elle ne le veut pas »
Il note également que l’OCDE a mis en place une convention permettant l’échange d’informations sur les comptes bancaires ouverts « même dans les paradis fiscaux », ratifiée, ajoute-t-il, par plus de 160 pays, « sauf l’Algérie ».
Il explique que si cette dernière venait à ratifier cette convention, le gouvernement Suisse, par exemple, serait obligé de lui fournir la liste des comptes ouverts par tous les ressortissants Algériens, résidents dans le pays ou à l’étranger pour y déposer l’argent tiré d’une évasion fiscale.