Dr. Mohamed Bekkat Berkani, membre de la Conférence nationale de la société civile : «nous n’avons plus le temps pour une Constituante»

« L’Algérie est déjà dans la transition et nous n’avons plus de temps à perdre », a indiqué mercredi le docteur Mohamed Bekkat Berkani lors de son passage, ce matin, à l'émission L'invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, prédisant que « la conférence nationale de la société civile est un réel succès de par le consensus acquis autour des quatre points à appliquer très vite ».

Il s'agit, pour rappel, d'assurer une transition de 6 à douze mois, aller vers une conférence nationale de dialogue, le départ du gouvernement actuel, instituer une commission indépendante d’organisation et de surveillance des élections.  

Le président de l'Ordre national des médecins qui s'exprimait en tant que membre de la conférence nationale de la société civile revient sur le déroulement des rencontres ayant regroupé, durant le mois du Ramadha, près d'une centaine d'assocations professionnelles, syndicats autonomes et autres organisations de la société civile et se félicité de déboucher sur une plateforme de consensus, en quatre points, dans le sens des revendications populaires. Il réfute la thèse de certains qui supposent même «un échec ». « Certains sont venus pour parler de la révision de la Constitution pour aller vers une Constituante, mais cette proposition requiert du temps alors que le temps nous est compté », rétorque-t-il à la question d’expliquer l'opposition de certains participants à ladite conférence du mouvement associatif.    

Dans le sillage de l’analyse de la situation qui prévaut, le président de l’Ordre des médecins algériens a insisté à souligner que la faillite politico-financière généralisée « nous exige d’écourter la transition et aller vers la solution de la crise patente ».

Revenant sur la conférence qui a réuni quelque 100 corporations, l’invité de la rédaction de la radio chaine 3, a indiqué que « ces discussions s’articulaient, dans le fond, autour d’une plate-forme qui ne s’éloigne pas des revendications populaires et où personne n’a eu à redire », et d’aller, enjoint-il, vers la Conférence du dialogue national, « où toutes les sensibilités seront représentées, pour se parler, arriver à une applicabilité d’un consensus et aller enfin à la présidentielle qui a été refusée par la vox populi dans les conditions dictées par le pouvoir ».

« Nous nous sommes donnés rendez-vous samedi prochain pour affiner la feuille de route entérinée dans cette conférence nationale de la société civile », a-t-il affirmé.

Concessions et confiance 

S’agissant des concessions à faire de part et d’autre dans l’optique d’un consensus l’invité ne manquera pas de rappeler que « tout est à refaire dans ce pays à commencer par la révision de la Constitution qui est une évidence », mais ajouter-t-il qu’ «elle est l’apanage des chantiers ouverts une fois le président sera élu ». Il faut ensuite refaire toutes les institutions pour être représentatives (l’APN, le Sénat, les APC, etc.) et convaincre les gens du hirak et leur redonner confiance pour les impliquer dans le processus de reconstruire l’Algérie.

« Ne perdons pas de temps pour mettre en branle un processus de reconstitution par le dialogue à la base en essayant d’asseoir un minimum d’un large consensus », dit-il, en s’inspirant de la démarche du mouvement de la société civile qui a émergé en force de proposition constructive parce qu’il est structuré, représentatif et écoute ses mandants.  

« Il y va de la viabilité du processus démocratique qui puisse reprendre sa voix et c’est important parce qu’il faut relever à la fois un défi économique et un défi sécuritaire », suggère M. Berkani.

Se voulant rassurant l’orateur estime que fort heureusement « ce n’est pas la faillite globale car c’est grâce au travail des fils debout  du pays que l’Algérie tourne malgré tout ». » On est arrivé, dit-il, au bout d’un système qui a mal tourné et il faut aller vers « un changement profond et progressif avec plus de transparence et plus d’honnêteté ».

Il considère qu’il faut admettre en fin qu’on était gouverné par « des délinquants érigés en système de gouvernance qui a pillé la République », mais que « cette volonté de changement se fasse par le haut et par le bas de la société pour « redonner conscience aux Algériens car ils ne font plus confiance », prescrira-t-il.   

Pour rappel, plus d’une centaine d’organisations issues du mouvement associatif, corporatiste et de syndicats professionnels s’étaient réunis en conclaves durant tout le ramadan et la semaine d'après pour discuter des propositions à émettre lors de la Conférence nationale du dialogue prévue, sauf report de dernière minute, le 29 du mois en cours.

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