Nucléaire iranien : un émissaire français à Téhéran pour tenter de sauver l'accord de 2015

Ph.DR

Le conseiller diplomatique auprès de la présidence française, Emmanuel Bonne, est à Téhéran mercredi pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 et chercher un moyen d'apaiser les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, ont rapporté des médias locaux.

L'émissaire français s'est réuni avec le contre-amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. Il doit rencontrer plus tard le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, ont ajouté les mêmes sources.

La mission du conseiller d'Emmanuel Macron est «d'essayer d'ouvrir l'espace de discussion pour éviter une escalade non contrôlée, voire même un accident», a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, alors que l'exacerbation des tensions entre  Washington et Téhéran fait craindre un embrasement dans la région du Golfe.

Fragilisé depuis que Washington l'a dénoncé unilatéralement en mai 2018, l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015 est encore davantage menacé par les annonces de Téhéran, qui, en riposte au retrait américain, a signalé s'affranchir progressivement de certains de ses engagements.

Le retrait américain de l'accord prive la République islamique d'Iran des bénéfices qu'elle escomptait du pacte conclu avec l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie et par lequel elle a accepté de revoir son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions internationales la visant.

Téhéran exige des Etats encore parties à l'accord qu'ils prennent enfin les mesures qu'il réclame pour que soient garantis ses intérêts.

Dans un communiqué commun, Berlin, Londres, Paris et l'Union européenne ont relevé mardi la volonté iranienne de «rester dans le cadre» de l'accord de Vienne.

Mais les Etats Européens ont appelé l'Iran à «agir en conséquence en revenant sur ces activités et en se conformant de nouveau pleinement et sans délai» aux termes de l'accord.

M. Le Drian a néanmoins qualifié de «dépassements légers» les manquements de l'Iran à ses engagements. «Ce ne sont pas des dépassements de rupture», a-t-il souligné.

«Nous accueillons favorablement l'initiative française parce que les Français sont parties à l'accord et nous considérons leurs efforts comme relevant de leur devoir pour le maintenir en vie», a réagi, de son côté, le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi, à l'agence Irna.

«Nous sommes dans une phase très critique», commente-t-on à la présidence française. «Les Iraniens prennent des mesures qui sont en violation (de l'accord) mais qui sont très calibrées et par ailleurs (le président américain) Donald Trump reste un dealmaker (négociateur)».

M. Trump a affirmé qu'il veut amener l'Iran à renégocier un «meilleur accord», ce que Téhéran rejette pour l'instant.

APS

Monde, Asie