Terrorisme : Chergui déplore l’insuffisance de la mobilisation internationale pour le Sahel

Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine, Smail Chergui, a déploré, jeudi, à Addis Abeba, l'"insuffisance" de la mobilisation internationale face à l’aggravation de la menace au Sahel, appelant à un sursaut similaire à celui qui a permis de vaincre l'organisation terroriste autoproclamée "Etat islamique" (Daech) en Irak et en Syrie pour éliminer tous les groupes terroristes en Afrique "rapidement".

"Du reste on se pose la question pourquoi il y a une telle mobilisation en Irak et en Syrie et pourquoi pas la même mobilisation en Somalie et au Sahel, est ce qu’on n'a pas la volonté d’en finir rapidement", s'est interrogé le commissaire Chergui dans une déclaration à l’APS.

Le chef du CPS de l'UA s’exprimait à la veille d’un Sommet des chefs d’Etat membres du Conseil paix et sécurité de l'UA, dédié aux deux questions préoccupantes en Afrique, le Sahel et la question libyenne.

M. Chergui plante un "décor sombre" de la situation au Sahel: arrivée massive d'éléments de "Daech" dans la région, prolifération des armes, évolution des modus operandi des attaques terroristes, porosité des frontières et manipulation des violences intercommunautaires par des groupes terroristes.

Autant de défis que la communauté internationale devrait "adresser dans les mêmes termes et avec les mêmes moyens" que les autres défis globaux, soutient-t-il.

Interrogé sur la pertinence d’une coalition internationale au Sahel, le CPS rappelle la contribution remarquable du Comité de libération de l’OUA pour débarrasser le continent du colonialisme et de l’Apartheid, estimant qu’il est temps d’envisager une action similaire sur le terrorisme avec le soutien de la communauté internationale.

Les frustrations des pays du G5 par rapport aux promesses faites souligne la nécessaire appropriation de cette lutte.

"L’appropriation est une bonne chose, les pays du G5 Sahel ont attendu en vain.

Ils ont fini d’apprendre à leur dépens qu’il faut d’abord compter sur leurs propres moyens", a souligné M. Chergui.

Et d’ajouter : "Il y a de la place pour tous les partenaires en Afrique dans cet effort gigantesque de combattre le défi global du terrorisme", mais "la contribution de ces intervenants doit être apportée dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des pays concernés".

Jusqu’ici, la réponse à ces défis demeure "insuffisante" malgré la multiplication des intervenants dans la région, constate Chergui.

La menace terroriste guette aujourd’hui l’ensemble des pays côtiers comme le Benin, le Ghana, le Togo et la Cote d’Ivoire.

Dans la région, le G5 Sahel (Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso) peine à mobiliser les ressources nécessaires à cette lutte.

Sur les 414 millions d’euros annoncés lors de la conférence internationale de Bruxelles sur le Sahel très peu a été déboursé, tient à rappeler M. Chergui.

Il faut un reset

La force conjointe s’est vue aussi refusée l’octroi d’un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unie qui devrait autoriser l’organisation onusienne à contribuer au financement multilatéral de la force.

En parallèle, il y a aussi la force "Barkhane" ainsi que la Minusma, dont la posture en tant que mission de maintien de la paix onusienne "ne lui permet pas d’adresser la question directe des mouvements terroristes", explique le commissaire de l’UA.

"Nous sommes dans une situation où il nous faut un reset de ce que nous avons", préconise-t-il.

Pour corriger la situation, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA insiste sur l’appropriation sécuritaire des pays du G5 Sahel.

"Cette orientation est bonne, la question d’appropriation est essentielle et suppose une adaptation de l’entrainement de la force et la mobilisation des équipements nécessaires "à son opérationnalisation", déclare le chef du CPS.

Les cinq pays de la force conjointe ont pris la décision de réunir leurs forces pour porter leur effort militaire sur la région Liptako Gourma, zone frontalière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où agissent plusieurs groupes terroristes.

Une force tchadienne devrait rallier le grand Sahara du Liptako Gourma, dans le cadre d’une opération militaire conjointe avec les armées des trois pays pour pacifier la région.

Au plan ressources, la Chine a confirmé son soutien à l’UA à travers une contribution de 80 millions de dollars, annoncée par son président lors du sommet Chine Afrique.

L’essentiel de ce montant, soit 50 millions de dollars, ira aux pays du Sahel.

S’y ajoute une enveloppe d’un milliard de dollars sur quatre ans, promise par la Cédéao pour renforcer les capacités opérationnelles des armées des cinq pays en plus de l’aide apportée par l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Algérie.

Cette dernière fournit une assistance en matière d’équipements et de formation qui va toujours dans le sens souhaité.

Le développement économique et sociale du Sahel est également indispensable dans cette stratégie et qui doit, par ailleurs, répondre à l’impératif d’une bonne gouvernance politique et économique.

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