L'attaque chimique en Syrie: Moscou met en garde contre "les conclusions hâtives"

Moscou a mis en garde contre les conclusions hâtives au sujet de l'attaque meurtrière de Khan Cheikhoun en Syrie, imputée à Damas qui dément cette accusation, l'assimilant à "une campagne de propagande contre l'armée syrienne", au moment où l'opposition peine à s'imposer dans ce pays. 

Damas ne détient plus d'armes chimiques depuis 2014, date à laquelle les armes chimiques syriennes avaient été détruites en mer sous contrôle d'experts américains.

Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni mercredi en urgence à propos de ce drame, a repoussé le vote d'une résolution contre le gouvernement syrien, en raison d'un bras de fer entre les Occidentaux et la Russie au sujet de l'auteur de cette attaque qui a fait au moins 80 morts et près de 200 blessés dans la province d'Idleb.

Le projet de résolution sur "l’attaque chimique" contre la ville syrienne de Khan Cheikhoun soumis par les Etats-Unis et d'autres pays est basé sur de fausses informations, a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.

"Le 4 avril, l’aviation syrienne a frappé un entrepôt terroriste abritant des substances toxiques près de la ville de Khan Cheikhoun. Ce fait a été immédiatement instrumentalisé par +des médias engagés+ pour accuser le gouvernement syrien d’utiliser des armes chimiques contre son peuple", a t-elle dit.

Au sein du Conseil de sécurité de l'Onu, deux visions s'opposent. Moscou juge "inacceptable en l'état" le projet de résolution en question, le qualifiant de "catégoriquement inacceptable" car "son défaut est d'anticiper les résultats de l'enquête et de désigner des coupables".

Dans l'autre camp, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, a déclaré que si des représailles n'étaient pas décrétées contre la Syrie suite à "l'attaque chimique", ils devraient agir par eux-mêmes. La Première ministre britannique, Theresa May, a estimé qu’il ne pouvait "y avoir d’avenir pour Assad" en Syrie, alors que la Chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, affirme que le gouvernement de Bachar el-Assad porte la "principale responsabilité" de l'attaque.  

Accusations contre Damas : de l'intox, selon Moscou

"Damas ne détient pas d'armes chimiques, et les déclarations au sujet de l'attaque perpétrée dans la province d’Idlib pourraient faire partie d'une campagne de propagande contre l'armée syrienne", a déclaré à l'agence Sputnik une source au sein des forces armées syriennes.

Dans un entretien à Sputnik, l'expert Igor Nikouline, ancien membre de la Commission des Nations Unies pour le contrôle des armes biologiques et chimiques, a tenu à rappeler que "Damas ne détient plus d'armes chimiques depuis 2014, date à laquelle les armes chimiques syriennes ont été détruites en mer sous contrôle d'experts américains."

"Dès que les affaires de l'opposition modérée vont mal, on commence à crier au crime de guerre. Dès qu'ils subissent une perte, un incident survient. Les armes chimiques de Bachar el-Assad ont été confisquées en 2014", a déclaré Igor Nikouline.

Pour sa part, Moscou appelle à "ne pas faire confiance aux rapports des Casques blancs et de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), deux ONG qui ont régulièrement fabriqué de fausses informations et qui cette fois accusent Damas d'un nouveau crime contre son peuple".

"En ce moment, la tâche principale est de comprendre objectivement ce qui est arrivé. Pour l'instant, je voudrais également souligner que tous les rapports falsifiés sur ce sujet proviennent uniquement des fameux Casques blancs et de cet Observatoire syrien des droits de l'homme qui est déjà devenu odieux. Il ne faut faire confiance ni aux Casques blancs, ni à l'Observatoire syrien. Ils ont à maintes reprises sapé leur crédibilité par des vidéos truquées et par une information qui a été ensuite démentie par toutes les parties" a déclaré mercredi la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova lors d'un briefing à Moscou.

Une chose est sûre, le drame Khan Cheikhoun est venu, selon les observateurs, frapper de plein fouet, le processus de paix amorcé à Astana et Genève et pourrait fragiliser davantage le cessez-le-feu établi le 30 décembre dernier. APS

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