Ceux que l’on désigne communément comme des aveugles sont en butte, quotidiennement, à de nombreuses embûches lors de leurs déplacements à pied ou en bus. D’immenses difficultés sont rencontrées par les personnes non-voyantes impuissantes de se mouvoir en milieu urbain.
L’émission « Service public » de la chaine 3 de la Radio Algérienne s’est intéressée dans son édition de lundi pour attirer l’attention de qui de droit et apporter des éclairages à l’endroit de sujets vivant dans le noir absolu doublé d’incompréhensions, voire de désintéressement.
Des reporters sont allés à la rencontre de certains non-voyants pour interroger ces handicapés visuels au sortir de leur école sise El Achour, à la périphérie d’Alger.
L’une des personnes rencontrée explique que « comme tout le monde » elle prend le bus « ce qui n’est pas facile ». De plus, elle se plaint du mauvais entretien et de l’exigüité des trottoirs dont la quasi-totalité est « larges d’à peine 50 cm », plantés de surcroît d’arbres en leur milieu ou de poteaux et panneaux. « Il m’est arrivé de tomber plusieurs fois dans des regards», dit-elle.
Les moyens de transport, déclare un autre non-voyant, c’est principalement le bus et « exceptionnellement le métro et le tramway». « Moi personnellement, poursuit-il, j’ai la chance de pouvoir me guider », parce qu’ajoute-t-il « il me reste quelques restes visuels ». Il n’en relève pas moins qui lui arrive souvent de se cogner contre divers obstacles.
Un autre de ses camarades s’insurge, pour sa part, qu’« on » ne prenne pas en compte les besoins des personnes handicapées visuelles en aménageant à leur intention certains lieux où ils ont l’habitude de s’y déplacer. « On ne demande pourtant que le minimum », dit-il, ajoutant désappointé « vous n’avez pas l’impression qu’on pense à vous ».
Professeur à l’Ecole des jeunes aveugles d’El Achour, une non-voyante signale, pour sa part, qu’à un moment ou se déroulaient des travaux à proximité de cet établissement, un élève a chuté dans une tranchée et s’est inévitablement blessé. Elle aussi déplore l’absence d’aménagements pouvant aider les personnes handicapées à se déplacer.
Résumant à sa façon le peu d'intérêt manifesté par les élus à l'encontre des citoyens de sa condition, un non-voyant se contente de reprendre des propos attribués au chanteur Français Gilbert Montagné, aveugle de son état, qui notait que « ce monde est exclusivement fait par les voyants pour les voyants ». Une note qui résume bien une vie qui est loin d’être sinécure. Témoignages.