
L’Allemagne a proposé à la Banque africaine de développement (BAD) un "Plan Marshall" avec l’Afrique pour résoudre un certain nombre de défis auxquels fait face le continent, a indiqué la BAD sur son site web.
"Le ministre fédéral allemand de la Coopération et du développement économique, Gerd Muller, a dévoilé le +plan Marshall+ avec l’Afrique que propose son gouvernement à la BAD, en déclarant que le Plan peut aider à relever certains des défis auxquels l’Afrique est confrontée", indique cette banque régionale.
Il s'agit d'un plan de développement qui mise sur l’entreprenariat, le secteur privé, les énergies renouvelables et la croissance verte.
Le ministre et sa délégation sont arrivés en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, dans le deuxième volet d’une tournée de l’Afrique qui comprend la Tunisie et l’Egypte.
Selon M. Muller, le continent, devra créer 20 millions d’emplois par an et multiplier le nombre d’établissements d’enseignement et de formation pour répondre à l’accroissement de la population, qui devrait atteindre 2 milliards d’individus d’ici 2050.
Ce cas de figure, a-t-il ajouté, réclame une nouvelle initiative de l’envergure d’un "plan Marshall avec l’Afrique et non pas pour l’Afrique", une expression qui, selon lui, souligne l’importance des efforts concertés de l’Afrique, de ses partenaires et du système multilatéral mondial.
Le ministre a déclaré que le plan, qui s’inscrit dans le cadre l’Agenda 2063 de l’Union africaine, mettra l’accent sur la mobilisation économique, l’éducation, et les programmes de formation et entreprenariat pour offrir aux millions d’Africains de meilleures perspectives, essentielles à l’avenir du continent, à l’Europe et au monde.
"Le projet préconise une coopération d’un +nouvel ordre+, gagnant-gagnant pour l’Afrique et les pays occidentaux dans des domaines tels que l’éducation, le commerce, le développement économique et l’énergie", note la BAD.
Il a appelé également à un accès plus équitable et amélioré au marché pour les exportations africaines et à l’éradication des flux financiers illicites au départ de l’Afrique et de l’évasion fiscale des grandes multinationales.
Le plan, a-t-il déclaré, vise à renforcer le soutien au développement des chaînes de valeur agricoles dans les pays d’Afrique pour leur permettre de tirer des bénéfices appropriés des produits, en citant les exemples du coton au Burkina Faso et du cacao et du café en Côte d’Ivoire.
"Si vous n’investissez pas dans le développement, si vous ne comblez pas le fossé entre les riches et les pauvres, vous n’aurez pas la paix", a déclaré M. Muller, en faisant remarquer que la misère, la pauvreté et la faim servent souvent de catalyseurs au terrorisme et à la radicalisation.
Les gouvernements d’Afrique ont également un rôle à jouer en luttant contre la corruption, en assurant une bonne gouvernance et en améliorant la situation des femmes, a indiqué M. Muller précisant que son ministère augmenterait de 20% l’aide allemande au développement de l’Afrique dans les pays qui engagent les réformes nécessaires.
"Notre objectif est d’offrir des mesures incitatives claires en soutien à la création d’un environnement favorable aux investissements privés. Nous cherchons à établir des partenariats de réforme avec les pays d’Afrique, fondés sur les valeurs communes de la redevabilité, de la transparence et de l’engagement ferme", a-t-il souligné.
Pour rappel, la notion de "Plan Marshall" renvoie au " Programme de rétablissement européen ", qui était un programme américain de prêts accordés aux différents Etats de l'Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ces prêts étaient assortis de la condition d'importer pour un montant équivalent d'équipements et de produits américains, et pour les Etats bénéficiaires l'engagement d'accorder un financement du double du montant octroyé, qui était de 16,5 milliards de dollars.
L'initiative fut baptisée, par les journalistes, du nom du Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, le général George Marshall, qui, lors d'un discours à l'Université Harvard, le 5 juin 1947, avait exposé la volonté du gouvernement des Etats-Unis de contribuer au rétablissement de l'Europe. APS