55% des jeunes filles tolèrent la violence contre les femmes : quelle avancée juridique face à l’échec des acteurs de la société?

Selon une enquête réalisée par l’ONS (Office national des statistiques) en 2015, 55% des jeunes adolescentes, âgées entre 15 et 19 ans, tolèrent que des femmes soient battues par leurs conjoints et banalisent des actes de violence en leur trouvant des justifications. Des chiffres appuyés par des témoignages de jeunes filles recueillis par la journaliste de la Radio chaine 3, Nesrine Cherikhi, à la sortie d’un lycée.  

Yasmina Ferchouch

Un constat alarmant au regard de tous les efforts jusque-là entrepris au niveau législatif par le Gouvernement en vue de protéger les femmes contre toutes sortes de violence. Rappelons dans ce sillage la, très controversée, loi incriminant les violences faites aux femmes. Celle-ci avait subi un blocage de plusieurs mois après son adoption par l’Assemblée nationale avant d’être promulguée le 10 décembre 2015.  Passée aux forceps, c’est une victoire pour les femmes.

Cet écart flagrant entre l’arsenal juridique et les réalités sociales sur le terrain, laisse surtout affleurer en surface toute les contradictions et la faiblesse des actions de sensibilisation pour faire évoluer les mentalités. En effet, il ne suffit pas de promulguer des lois pour faire bonne figure vis-à-vis de nos partenaires étrangers et autres organisations internationales de défense des droits humains, mais encore faut-il faire des choix clairs et engager une stratégie résolue pour les traduire en réalités à travers l’action conjuguée de tous les acteurs de la société, à commencer par les médias, l’Ecole et l’adaptation du discours religieux.

Et justement à propos du rôle des médias, l'Autorité de régulation de l'Audiovisuel (ARAV) se trouve chargée de sa mission de faire respecter les régles pour que cessent définitvement les images dégradantes envers la femme algérienne véhiculées, sciemment ou par pure ignorance, par certaines chaines de télévison, particulièremenrt à travers ces feuilletons ramadhanesques où une overdose de violence à l'égard des femmes est outrageusement banalisée.

Les 45% de jeunes filles, de farouches rebelles contre l’humiliation
Si cette catégorie de jeunes filles (les 15- 19 ans) tolère qu’un mari bât sa femme (55%), il reste quand même les 45% d’entre elles qui non seulement le contestent, mais le combattent farouchement (écouter les témoignages).

Celles-ci refusent toutes sortes de violences, notamment verbale qu’elles subissent… Entendre le harcèlement dans la rue ou dans d’autres espaces dont nos petites jeunes filles souffrent quotidiennement.

Les filles : un taux d’alphabétisation de 95,2%
Mais l’enquête fait aussi ressortir des aspects positifs à commencer par le fort taux d’alphabétisation de cette catégorie (les jeunes filles de 15 à 19 ans) qui compte 1 105 000 personnes. Un taux de 95,2%. Aussi, le taux du mariage précoce (avant l’âge légal – 19 ans) est quasi-nul (0,1%), toujours selon la même enquête.    

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