La cyberattaque sans précédent qui a frappé plus de 200.000 victimes dans au moins 150 pays, depuis vendredi, alimente la crainte d'un « cyberchaos », les experts redoutant une recrudescence du virus, ce lundi, lorsque des millions d'ordinateurs seront rallumés.
La société Microsoft a averti les gouvernements, dimanche, contre la tentation de cacher des failles informatiques qu'ils auraient repérées, comme cela a été fait dans le cas de cette attaque, lorsque la brèche dans le système Windows utilisée par les pirates avait été décelée par l'agence de sécurité nationale Américaine ;
« Les gouvernements devraient voir cette attaque comme un signal d'alarme », a insisté Brad Smith, le directeur juridique de Microsoft. « Un scenario équivalent avec des armes conventionnelles serait comme si l'armée US se faisait voler ses missiles Tomahawks », a-t-il expliqué.
En attendant que se manifestent d'éventuelles nouvelles victimes, le bilan de cette cyberattaque mondiale est déjà imposant. « Le dernier décompte fait état de centaines de milliers de victimes, essentiellement des entreprises, dans au moins 150 pays. Nous menons des opérations contre environ 200 cyberattaques par an, mais nous n'avions encore jamais rien vu de tel », a déclaré, dimanche, le directeur d'Europol, Rob Wainwright, à la chaîne de télévision Britannique ITV.
En Chine, des centaines de milliers d'ordinateurs et près de 30.000 institutions, dont des agences gouvernementales, ont été touchés par cette cyberattaque, en cours depuis vendredi, selon
une entreprise de référence de la cybersécurité dans ce pays.
Pas moins de 29.372 institutions, allant d'organismes gouvernementaux aux universités, en passant par des distributeurs de billets et des hôpitaux, ont été infectés au cours de cette attaque informatique sans précédent, a annoncé ''Qihoo 360'', l'un des premiers fournisseurs de logiciels antivirus en Chine
Et ce n'est sans doute pas fini, a prévenu le patron d'Europol, qui dit craindre une augmentation du nombre de victimes « lorsque les gens retourneront à leur travail et allumeront leur ordinateur ».
« A partir du moment où l'échelle est très grande, on peut se demander si le but recherché n’est pas de créer un « cyberchaos », s'interroge Laurent Heslault, directeur des stratégies de sécurité chez la société de sécurité informatique Symantec.
De la Russie à l'Espagne et du Mexique au Vietnam, des centaines de milliers d'ordinateurs, surtout en Europe, ont été infectés, depuis vendredi, par un logiciel de rançon, un « rançongiciel » exploitant une faille dans les systèmes Windows.
Ce logiciel malveillant verrouille les fichiers des utilisateurs et les force à payer 300 dollars (275 euros) pour en recouvrer l'usage.
L'attaque a affecté les hôpitaux britanniques, le constructeur automobile Français Renault, le système bancaire Russe, le groupe Américain de logistique FedEx, la compagnie de télécoms Espagnole Telefonica ou encore des universités en Grèce et en Italie.
Europol, qui estime qu'aucun pays en particulier n'a été visé, a insisté sur la rapidité inédite de la propagation de ce virus « Wannacry », combinant pour la première fois les fonctions de logiciel malveillant et de ver informatique.
Selon la ministre Britannique de l'Intérieur, Amber Rudd, il faut s'attendre à d'autres attaques. Et on ne « connaîtra peut-être jamais la véritable identité des auteurs » de celle en cours, a-t-elle déclaré.