Moins d'eau dans des régions déjà arides, davantage dans des zones arrosées, débit changeant de certains fleuves, pollutions de toutes sortes... Dans plusieurs régions du globe, le réchauffement du climat est en train de modifier l’accès à l'eau douce.
Ajouté à la pression démographique, le réchauffement attendu au 21ème siècle devrait rendre l'eau « significativement » moins disponible en surface et dans les sous-sols autour de la Méditerranée, dans la Péninsule Arabique, en Asie centrale ou en Californie, soulignent les experts.
Il va falloir anticiper ces changements alors que 800 millions de personnes dans le monde n'ont déjà pas accès à une source sûre et régulière d'eau.
La variabilité et la qualité de la ressource, autres critères majeurs de l'accès à l'eau, devraient aussi changer dans un monde plus chaud, explique Blanca Jimenez-Cisneros, directrice de la division des sciences de l'eau à l'Unesco.
La fonte accélérée des glaciers peut par exemple avoir des impacts sur le débit des fleuves mais aussi avoir un effet trompeur en fournissant plus d'eau à court terme aux populations mais moins à long terme, ajoute-t-elle.
Une température plus élevée provoquera un développement plus important de plantes aquatiques, pouvant produire des toxines difficiles à éliminer par les traitements conventionnels de l'eau.
Et là où les pluies seront plus intenses, on s'attend aussi à voir davantage de polluants apportés vers les usines de traitement.
Autre effet moins connu du réchauffement climatique: la salinisation des nappes d'eau douce souterraines sur les littoraux et les îles en raison de la hausse du niveau de la mer. Ce qui impliquera, dans certaines régions, une désalinisation particulièrement coûteuse.
La demande en eau pourrait croître, à l'échelle mondiale, de 55%, d'ici à 2050, pour cause de croissance démographique. Il y aura environ 9,6 milliards d’habitants sur terre, en 2050, pour 7,2 milliards aujourd'hui.
La notion de risque « ne doit pas être prise à la légère », insiste le climatologue Hervé Le Treut. « Quand les sismologues disent qu'il y a un risque de tremblement de terre, les gens l'acceptent généralement et ne construisent pas de maisons. Quand on dit qu'il y a des risques de sécheresse ou d'inondations, ils ont tendance à moins en tenir compte parce que la météorologie et la climatologie sont souvent associées à la notion de prévision plutôt qu'à celle de risque », ajoute-t-il.
Une compétition pourrait également naître entre pays pour ce qui concerne l’exploitation des ressources hydriques, comme c'est déjà le cas par exemple entre l'Egypte et l'Ethiopie au sujet des eaux du Nil.
Parler de futures « guerres de l'eau » serait exagéré, estime Richard Connor, spécialiste de l'eau chez Unisféra, un cabinet de conseil pour les gouvernements et les ONG. « Mais on peut éventuellement s'attendre, à l'avenir, à des conflits dans lesquels l'eau est la cause première, bien que souvent cachée ».