La Cour criminelle d'Ankara a condamné mercredi à la prison à vie deux ex-généraux qui avaient participé au coup d'Etat militaire de 1980.
Au terme de deux ans d'un procès historique, la Cour criminelle a suivi les réquisitions du parquet et prononcé la peine maximale contre l'ex-général Kenan Evren, 96 ans, chef de la junte et ancien président de la République de Turquie, et contre l'ancien commandant de l'armée de l'air Tahsin Sahinkaya, 89 ans.
En ouvrant l'audience, le procureur a une dernière fois dénoncé le rôle joué par les deux accusés, coupables a-t-il dit d'avoir favorisé "un climat propice à une intervention militaire par une série d'actions illégales" et "renversé l'ordre constitutionnel".
L'avocat des deux officiers, Bülent Acar, a dans la foulée dénoncé ces charges. "Cette cour n'est pas compétente pour juger les suspects", a-t-il également plaidé.
Interrogés une dernière fois par le juge, MM. Evren et Sahinkaya, qui s'exprimaient depuis leur lit d'hôpital par vidéoconférence en raison de leur état de santé, ont répondu qu'ils n'avaient "rien à ajouter à la défense de leur avocat".
Les deux hommes, que la Cour a dégradé au rang de simples soldats, sont apparus très affaiblis tout au long d'une audience qui a duré plus de trois heures, selon l'agence AFP.
Pour ces mêmes motifs, les ex-généraux devraient être dispensés d'effectuer leur peine, une fois leur condamnation définitivement confirmée s'ils décident de faire appel.
Le procès de MM. Evren et Sahinkaya, le premier intenté en Turquie aux responsables d'un coup d'Etat, s'inscrit dans la lutte de pouvoir que se livrent l'armée et le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002.
Dans deux autres affaires retentissantes, la justice a prononcé en 2012 et 2013 de lourdes peines de prison contre des centaines d'officiers accusés d'avoir tenté de renverser l'actuel gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Mais le pouvoir a ouvert en décembre la voie à une révision de ces jugements considérés comme partiaux, qui ont fait l'objet de nombreuses critiques.
La Cour constitutionnelle a remis en cause mercredi les preuves retenues contre 230 soldats condamnés en 2012 et estimé que leurs droits avaient été bafoués. Cet arrêt devrait permettre un nouveau procès.