Le retour espéré du public algérois au festival international de musique diwan s'est confirmé, mais de manière inégale au fil des soirées, favorisé par des têtes d’affiche jazz, blufunk, ska ou gnawa, alors que la partie réservée au diwan n'a pas manqué de décevoir plus d'un.
Les spectacles, organisés depuis le 8 août au théâtre de verdure Saïd-Mekbel, à la faveur du 7ème Festival international de musique diwan qui a pris fin jeudi soir, ont connu une affluence inégale, les foules s'étant déplacé nombreuses pour certaines soirées, et se faisant plus discrètes pour d’autres.
Les têtes d’affiches invitées comme Keziah Jones et Aziz Sahmaoui ont réussi le pari de faire salle comble, malgré des incidents techniques survenus à l’ouverture, contrairement à "Global Gnawa" ou "Jupiter & Okwass International".
Nombreux, les spectacles dédiés au diwan n’étaient plutôt pas à la hauteur, de l’avis du public et de plusieurs musiciens, qui ont regretté que ces troupes ne soient "pas assez préparées" à la scène, ainsi qu'un "grand manque" de préparation lors des spectacles de fusion, décriés par des spectateurs assidus.
Hormis le jeune Maâllem Lahbib, qui s’était imposé sur scène, les deux autres troupes diwan se sont contentées de faire de la figuration, dans le genre folklore, alors que Noudjoum Diwan"a été privée d'une expérience fusion sur scène.
Invité à cette édition, le Maâllem marocain Abdeslam Alikan, co-directeur artistique du Festival d’Essaouira, a déclaré à l’APS que ce genre d’expériences musicales pouvait être favorable à condition d’être le fruit d’une "résidence d’artistes sérieusement menée".
Des résidences "impossible" à organiser, selon le commissaire de la manifestation, Mourad Chouihi, qui avance des "raisons budgétaires et d’agenda" des invités.
Mise en avant du diwan et ouverture sur les musiques du monde
A travers ces expériences, Mourad Chouihi souhaitait, selon ses propos, "internationaliser l’identité culturelle algérienne", une conception qui ne semble pas avoir emporté l'adhésion du public et des habitués du festival au regard de la "qualité" des spectacles diwan et de fusion, mais aussi de l’"absence" de production musicale ou audiovisuelle.
Conscient de l'attrait que constituent les têtes d'affiche étrangères pour le public, d'une part, et de la "faiblesse" de la direction artistique en matière de fusion, d'autre part, le commissaire du festival a émis l'idée de changer la thématique de ce rendez-vous annuel pour en faire un événement "dédié au diwan et à la musique du monde".
Une orientation qui ne servira pas forcement le diwan qui a plus besoin de formation et de diffusion, rétorquent aussi bien des artistes participants que des universitaires présents sur place, pour suivre l'évolution de cette manifestation vieille de sept ans maintenant.
Tout en s'interrogeant sur la réelle mission du festival, ces derniers n'ont pas manqué de relever la "nécessaire formation à la scène" des artistes, accompagnée d'une production "au moins", pour rompre, disent-ils, avec la tendance à la "folklorisation" et à la "recherche de l’ouverture", considérée comme une option "trop facile".
Les mêmes universitaires ont également évoqué les questions de communication et de publicité au profit du festival, le seul programmé à Alger en cette période, mais qui demeure pourtant "invisible": les visuels produits (affiches et catalogues), par exemple, restent "impersonnels" et n'englobent pas les troupes locales, argumentent-ils.
Inaugurée vendredi avec le nigérian Keziah Jones, cette 7ème édition aura produit sur scène quatre lauréats du festival national de Bechar en plus de trois invités du gnawi marocain, des concerts de jazz et de rock chinois et congolais.