La sélection algérienne de handball "n'a pas effectué une préparation lui permettant d'évoluer à son meilleur niveau" lors du Mondial-2015 qu'elle a terminé à la 24e et dernière place, selon l'ancien entraîneur national, Mohamed Aziz Derouaz.
"J'ai regardé avec passion les matchs de notre équipe qui n'a pas été capable se suivre le rythme des adversaires. C'était clair : l'équipe n'a pas eu une préparation à la hauteur pour être compétitive. Les joueurs n'avaient pas la force et la vitesse devant des équipes d'une autre dimension", a déclaré Derouaz qui a remporté cinq titre africains consécutifs à la tête des Verts entre 1981 et 1989.
Le sept algérien, champion en titre, a enregistré au Mondial-2015, achevé dimanche à Doha avec la consécration de la France, la pire sortie algérienne dans une telle compétition depuis le passage du nombre de participants à 24 équipes. Lors de la précédente édition en Espagne, l'Algérie avait pris la 17e position après avoir gagné la coupe du Président IHF comptant pour le classement.
"C'est une participation tout simplement catastrophique. C'est le résultat logique d'une discipline à la peine depuis les années 2000. Souvenez vous l'Algérie a été classé 5e lors de la CAN-2006 disputée en Tunisie. Une place jamais occupée par l'Algérie lors d'une compétition continentale. Le coach Kamel Akkab a réussi à faire renaître l'équipe mais pas pour longtemps", a rappelé Derouaz, connu également pour avoir été l'artisan du système de la "défense avancée".
Les hommes de Reda Zeguili, démissionnaire, ont perdu leur matchs du premier tour face à l'Egypte (34-20), l'Islande (24-32), la Suède (19-27), la France (32-26) et la République tchèque (36-20). L'équipe a ensuite continué sa "descente aux enfers" avec des revers en matchs de classement devant l'Arabie Saoudite (27-25) puis le Chili (30-20) aux jets de 7m.
"Notre attaque était pauvre et son jeu ne répondait pas aux diversifications nécessaires par rapport à la réaction des défenses adverses. Derrière, nous n'avons pas vu de collaboration entre joueurs pour appliquer la défense offensive qui a tout le temps fait notre force. La rapidité de la montée de balle n'a pas été présente aussi, ce qui a donné ces résultats décevants", détaille Derouaz.
"L'équipe manquait cruellement de rythme. A mon avis c'est seulement Mohamed Mokrani qui était préparé pour jouer à l'aise un Mondial. Le choix des joueurs, sans être la seule cause de cette débâcle, est largement discutable.
En plus, la profondeur du banc des remplaçants n'a pas permis à l'entraîneur de faire souffler les cadres de son équipe, c'est ce qui explique le rendement instable du groupe", analyse Derouaz.
Absence de modèle de préparation
Pour l'ancien coach du MC Alger, l'absence d'une politique permettant le renouvellement de l'élite et le choix d'un modèle de préparation de l'équipe nationale, fera encore plus de mal à la discipline si des mesures urgentes ne seront pas prises.
"Il y a deux modèles de préparation: le premier pour les équipes européennes qui ont des championnats forts et qui jouent des match amicaux aux dates IHF pour parfaire la cohésion. Le second, comme celui choisi par les Qataris, s'effectue par une préparation intensive. En Algérie on a mélangé les deux ce qui illustre un manque de vision et de stratégie", estime Derouaz.
Le constat de l'arrière droit Boultif, qui en est à son quatrième championnat du monde, est indicatif et résume bien la situation. "Notre titre africain a malheureusement caché pas mal de choses. Depuis la victoire au championnat d'Afrique, rien n'a bougé, aucune amélioration".
Derouaz est du même avis estimant que notre dernier titre africain a caché plusieurs lacunes.
"Les gens travaillent et nous on recule. Par exemple lors de la CAN-2014 l'Egypte que nous n'avons pas affronté est venue avec une équipe composée majoritairement de sa sélection U 21, classée 4e en championnat du Monde 2011 de sa catégorie. A Doha, les Egyptiens ont atteint le second tour du Mondial-2015. Idem pour l'Angola composée de 5 joueurs U19 qui nous a causé pas mal de problèmes en demi-finale de la CAN-2014 à Alger. Au lieu de bien analyser la situation nous avons été emportés par l'euphorie", regrette Derouaz.
Sur le niveau général du Mondial qatari, Derouaz (63 ans) qui à son actif trois participations aux Jeux olympiques et deux aux Mondiaux, pense que le niveau a été "assez moyen" par rapport à la précédente édition.