Après l’annonce, le 8 mars, par le président Bouteflika, de la révision du Code de la famille, la Chaine 3 de la Radio Algérienne recevait, ce jeudi, Mme Dalila Djerbal, membre du Réseau Wassila, venue s’exprimer sur les violences faites aux femmes et sur les inégalités en matière de droit dont elles sont les victimes.
Invitée de la rédaction de la Chaine 3, Mme Djerbal a, de prime abord, considéré que cette loi est une avancée notable regrettant, toutefois, la disposition stipulant l’annulation des poursuites contre l’auteur du crime en cas de pardon de la victime. «C’est une très bonne chose. L’Etat s’attaque à cette violence qui détruit les familles. Ors, malheureusement, cette loi est un pas en avant deux pas en arrière avec l’introduction de ce fameux pardon», a commenté la militante féministe.
Interrogée sur l’attitude des islamistes qui ont dénoncé "les aspects progressistes" de cette la loi, Mme Djerbal trouve cette position «scandaleuse». «C’est indigne de la part de député à l’APN de revendiquer le droit de violence sur les femmes… c’est indigne de revendiquer le droit de violence sous couvert de l’islam», a-t-elle dénoncé.
Revenant sur le code de la famille et le statut de la femme dans la société, la sociologue relève plusieurs paradoxes. Pour elle, il est aberrant que les Algériennes continuent encore à être régies « par un système patriarcal», alors qu’elles occupent des places importantes dans tous les secteurs de la société.
Le code de la famille devrait être abrogé, « d’autant, déclare-t-elle, que par rapport au passé les femmes sont, aujourd’hui, présentes dans tous les espaces sociaux ».
Commentant les chiffres du ministère de la Justice d’après lesquels le nombre des divorces serait passé de 34.000, en 2007, à 70.000 en 2014, Mme Djerbal estime qu’ils sont en dessous de la réalité. Elle signale, par exemple, que ces derniers ne tiennent pas compte des cas de répudiation « dix fois plus importants » que par le passé.
Elle se scandalise, à raison, que des femmes en Algérie, continuent à être « égorgées, brûlées vives, jetées à la rue dans le dénuement, poussées à la prostitution, séquestrées ou humiliées ». Elle rappelle qu’au cours de ces dernières années 267 parmi elles sont décédées du fait de violences à leur encontre ».
Mme Djerbal se déclare, en conclusion, en faveur de lois égalitaires appliquées à tous, « garantissant les droits, la sécurité et l’intégrité de chacun ».