Des centaines de milliers d'enfants sont menacés par la mort et les maladies à cause des restrictions aux importations au Yémen qui entravent fortement les opérations humanitaires, a mis en garde vendredi l'Onu.
"Il pourrait ne plus y avoir de carburant dans moins d'une semaine", a déclaré aux médias à Genève un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), Christophe Boulierac.
"Si les restrictions aux importations commerciales de nourriture et de carburant se poursuivent, elles feront plus de morts que les balles et les bombes ces prochains mois", a-t-il averti.
L'Unicef estime que si la pénurie de carburant et de nourriture se poursuit au Yémen, plus de 120.000 enfants sont directement menacés par la malnutrition aiguë sévère dans les trois mois à venir, en plus des 160.000 enfants qui souffraient déjà de malnutrition aiguë sévère avant le 26 mars.
En outre, en raison de l'effondrement du système sanitaire, quelque 2,5 millions d'enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de maladies diarrhéiques, mettant en danger leur vie, selon l'Unicef.
Par ailleurs, 1,2 million d'enfants sont menacés par des maladies comme la pneumonie et la rougeole car les campagnes de vaccination ont été suspendues dans de nombreux centres de santé dans le pays, a souligné M. Boulierac.
Selon le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'Onu (Ocha), Jens Laerke, "l'obstacle principal (aux importations, ndlr) est le régime d'inspection qui a été mis en place par la résolution du Conseil de sécurité visant à garantir qu'aucune arme n'entre au Yémen".
"Cet effet secondaire du régime d'inspection a conduit à des importations inadéquates de carburant", ce qui pénalise les opérations humanitaires, a-t-il expliqué, rappelant par ailleurs que 90% de la nourriture habituellement consommée au Yémen est importée.
"L'accès humanitaire est extrêmement difficile dans nombres de régions car nous sommes fréquemment empêchés par les parties prenantes au conflit d'avoir accès aux personnes qui en ont le plus besoin", a affirmé M. Boulierac.
La coalition formée de neuf pays arabes a lancé le 26 mars une opération aérienne contre les rebelles Houthis pour les empêcher de prendre le contrôle de l'ensemble du pays. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a fui son pays pour se réfugier en Arabie saoudite.
Jeudi, l'Arabie saoudite a annoncé, à l'occasion d'une visite à Ryadh du secrétaire d'Etat John Kerry, une proposition de cessez-le-feu de cinq jours pour acheminer une aide humanitaire vitale à la population prise au piège du conflit qui a fait plus de 1.400 morts et des milliers de blessés, en majorité des civils, selon l'ONU. Mais, depuis, les bombardements ont repris.