Ramadhan au sein de la communauté Musulmane de France

Chauffeur de taxi à Paris, Mohamed Afallah exerce un métier qui met sa patience à rude épreuve. Le ramadan est pour lui l’occasion de faire son « jihad », un « travail sur soi » pour, dit-il, « essayer d’être meilleur ».

Mohamed explique que contrairement à ce que l’on peut entendre ou croire, le mot jihad n’a pas une connotation péjorative chez les Musulmans.

Le jeûne du Ramadhan, quatrième pilier de l'Islam, est une épreuve pour les travailleurs, en particulier quand leur tâche est physiquement éprouvante.Comme lui, de nombreux Musulmans assument depuis le 18 juin des journées de près de 18 heures sans manger ni boire. 

« En temps normal je bois deux à trois litres d'eau par jour pendant l'hiver et jusqu'à quatre litres l'été », confie pour sa part Abdel Tanziti, boulanger-pâtissier de 40 ans à Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

Le plus difficile à supporter? « La chaleur du four » répond ce gaillard qui n’a rien changé à ses horaires de travail- 6h-12h, 16h-19h - ni à ses tâches : il monte et descend les escaliers reliant le fournil à la boutique une vingtaine de fois par jour, porte des sacs de farine de 25 kg.

Tanzini ne se plaint pas de la longueur des journées. « C'est une question d'habitude. Je fais le ramadan depuis l’âge de 9 ans », explique ce boulanger pâtissier qui réserve la plus grosse partie de son travail au matin, pour effectuer des tâches plus « légères » l'après-midi, comme celles de décorer ses gâteaux.

C'est également ainsi que Kamel Boughmada, électricien de 42 ans, organise son travail. "Quand on jeûne, on ne peut pas être à 100% toute la journée, donc je fais les tâches les plus lourdes le matin quand il me reste encore quelques calories », plaisante-t-il.

Kamel n'a jamais cessé le Ramadhan pour le travail, ni le travail pour le Ramadhan. « On a des familles, des loyers à payer, donc on est obligés de travailler », déclare-t-il. « Les clients s'en fichent, Ramadhan ou pas Ramadhan, quand ils nous donnent un chantier, il faut qu'on le finisse dans les délais ». 

C'est le café du matin qui lui manque le plus. « La première semaine c'est dur », avoue Kamel qui affirme manger plus tard, prier jusqu'à une heure du matin durant les « tarawih », prières surérogatoires facultatives, qui se déroulent tous les soirs ou nuits de ramadan. Il dort quatre, cinq heures par nuit et se dit heureux.

« Dans notre religion, c'est bien de travailler pendant le Ramadhan. Si on passe la journée à dormir, on ne le ‘’sent’’ pas », juge l'électricien.

Rachida Assad, employée de restauration, ne jeûne plus, en raison, explique-t-elle, de son diabète. Sa mosquée lui prescrit de donner cinq euros par jour à une personne plus pauvre pour compenser le jeûne qu'elle ne peut effectuer : c'est la « fidya ». Si les malades, comme les vieillards, les voyageurs, les femmes  enceintes ou venant d'accoucher sont dispensés de jeûne, celui-ci doit être différé ou compensé, selon la tradition. 

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