Une équipe de chercheurs suisses vient d'établir dans une étude un lien de cause à effet entre les éruptions volcaniques et le refroidissement de la terre ayant conduit à des vagues de famine et bouleversements sociaux depuis 2500 ans.
"Le fait que les périodes particulièrement froides ont été responsables de changements socioéconomiques et de migrations est acquis", soulignent ces scientifiques issus de l'Université de Berne et de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL).
L'équipe pluridisciplinaire de chercheurs ont reconstitué, dans cette étude publiée dans la revue Nature, l'historique de 300 éruptions volcaniques survenues depuis le début de l'époque romaine il y a 2.500 ans.
"On considérait jusqu'à présent que les périodes froides avaient été causées ou aggravées par les éruptions de grands volcans, sans pouvoir estimer leur rôle de manière précise", relèvent les chercheurs.
En éjectant d'immenses quantités de particules de sulfates dans la haute atmosphère, le phénomène d'éruptions isolait la surface de la Terre du rayonnement solaire. "Jusqu'ici, aucune méthode fiable ne permettait de les dater précisément et donc de mesurer leur impact", expliquent-ils.
Le phénomène a pu être quantifié grâce à l'analyse des sulfates d'origine volcanique dans les carottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique a fourni un historique, année après année, de leurs niveaux dans l'atmosphère.
Mais ce n'est qu'en comparant les résultats avec des cernes annuels d'arbres que les chercheurs ont pu obtenir une image assez précise de l'évolution du climat, indique le WSL dans un communiqué.
Selon l'étude, les volcans tropicaux ainsi que de grandes éruptions en Islande et en Amérique ont souvent entraîné des étés très froids sur de vastes régions de l'hémisphère nord en injectant du sulfate et des cendres.
"Avec les nouvelles données, il sera possible d'étendre la reconstruction de l'activité volcanique globale et de l'impact climatique en remontant jusqu'au dernier âge glaciaire", estime l'un des chercheurs, Michael Sigl.
Vingt-quatre scientifiques de 18 universités et instituts de recherche aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Suisse, en Allemagne, au Danemark et en Suède ont pris part à ces travaux, notamment des spécialistes du soleil, de l'espace, du climat et de la géologie.
APS