
A 22 heures, le soleil est sur le point de se coucher à Stockholm mais en dépit de la longueur de la journée, les hommes arrivant à la mosquée Aysha affichent un air plus serein qu'affamé.
Après presque vingt heures de jeûne, les ablutions d'usage et quelques brèves salutations, ils vont s'asseoir en silence à même le sol de la salle de prière de la mosquée.
Le mois de Ramadhan en Suède coincide cette année avec la période du solstice d'été. Sous ces latitudes, le ciel des courtes nuits demeure alors bleuté, donnant l'impression que l'aube succède au crépuscule.
Pour Talha Muhammad, originaire du Pakistan vivant en Suède depuis une dizaine d'années, le ramadan à Stockholm n'est pour autant pas plus extrême que dans certains endroits.
« Si vous envisagez (le jeûne) dans une perspective temporelle, oui, les journées sont très longues, mais la température ici est plutôt fraîche comparée à celle des pays du Proche-Orient ou de l'Asie, où elle peut atteindre 40 ou 45 degrés », explique cet ingénieur informatique de 34 ans.
« Pendant les premiers trois ou quatre jours du mois du ramadan, vous avez sommeil et êtes un peu fatigué, mais ensuite, ça fait partie de vos habitudes et vous devenez productif et énergique », affirme Muhammad.
En Suède, les heures de travail ne sont pas réduites durant le Ramadhan, mais malgré le jeûne et les nuits écourtées par les prières de l'aube, Talha Muhammad assure poursuivre ses activités comme à l'accoutumée : « Je travaille, je fais du sport, je vais à la mosquée et je fais toutes sortes d'activités sociales et religieuses ».
À la mosquée, le repas de rupture de jeûne est servi. Sur des nappes déroulées au sol, de petites assiettes garnies de dattes, de salade, d'un feuilleté de viande et légumes et d'une sauce au yaourt attendent les convives. Un verre d'une boisson d'un rose éclatant composée de lait, d'eau et d’un sirop à l'essence de rose, est placé près de chaque assiette.
Le repas ce soir-là, comporte de l'agneau et du riz préparé par les femmes de la famille de l'imam. « C'est délicieux. Et tout est fait maison », dit fièrement Ehtram, cousin de l'imam.
Ceux qui se présentent à la mosquée y mangent gratuitement mais la coutume veut que les fidèles contribuent en apportant à leur tour un repas ou en donnant de l'argent qui servira à acheter de la nourriture. « Nous ne manquons jamais de nourriture, nous en avons même parfois trop! », relève M. Thanvi.