L’équipe nationale algérienne de basket-ball (messieurs) a une "belle carte à jouer", lors de la 28e édition de l’Afrobasket, qu’organise la Tunisie du 19 au 30 août prochain, a estimé l’ancienne gloire du basket-ball algérien des années 1970 Hadi Benmesbah.
"J’estime que la sélection ivoirienne considérée comme la favorite du groupe D, est jouable, pour peu que les joueurs algériens s’appliquent dans une défense à outrance et que le staff technique fasse preuve d’une maturité suffisante au cours du match. Je suis persuadé que l’équipe algérienne aura une belle carte à jouer, c’est l’année de tous les espoirs en Tunisie", a-t-il confié à l’APS.
Le nom des Benmesbah (frères Benmesbah) est intimement lié au basket-ball algérien depuis l’indépendance de l’Algérie période durant laquelle Hadi et Zine l'ont admirablement servi.
Ayant rejoint le pays natal pour y passer le ramadhan et les fêtes de l’Aïd, auprès des siens, Hadi Benmesbah (70 ans) l’enfant prodige du RAMA (El-Mouradia), s’est remémoré de sa riche carrière de joueur et aussi d’entraîneur aussi bien en club qu’en sélection nationale.
Il a débuté sa carrière en 1962, avec l’ex-club du RAC (Redoute AC) qui deviendra par la suite RAMA, pour prendre fin en 1977, durant laquelle, il avait décroché un titre de champion en 1968, en finale disputée à Constantine contre le CR Beni-Saf, un autre ancien pôle de la balle au panier, aujourd’hui aux oubliettes.
Une vocation de formateur
Aussitôt sa carrière de joueur terminée avec un triste record de 7 finales perdues en coupe d’Algérie, Hadi passera de l’autre côté de la barrière comme entraîneur d’abord avec le RAMA, puis au lendemain de l’instauration de la réforme sportive, avec l’ex- NIAD (les Galeries algériennes).
"La vocation du RAMA puis du NIAD était axée sur la formation des jeunes issus du crû, raison pour laquelle leur palmarès était quasiment vierge au niveau des seniors, mais étoffé chez les jeunes catégories" a-t-il tenu de préciser, non sans avoir souligné l’émergence de grands talents passés par son école à l’instar de Kaddour, Berraf, l’actuel président du COA, et Faïd Bilal, pour ne citer que ceux-là.
En quittant le pays en 1990, Benmesbah est resté fidèle à sa vocation de formateur en drivant de nombreux clubs de différents paliers régionaux et nationaux de la région de Mulhouse où il est installé avec sa petite famille.
Son amour pour les petites catégories lui a permis de glaner de nombreux titres, tout comme son épouse Sakina Benmesbah qui a fait ses preuves en Algérie comme joueuse et entraîneur de club et de sélection, avant de poursuivre sa mission de formation en France.
Le parcours international de Benmesbah était également remarquable, en décrochant d’abord, comme joueur une médaille de bronze, lors de la 3e CAN de 1965 à Tunis, puis comme entraîneur national en 1983 (Egypte) et 1989 (Angola). Il avait occupé également le poste de DTN entre 1973 et 1978.
L’ancienne gloire du basket-ball algérien a fait une petite virée en athlétisme, dès l'indépendance, en remportant le titre national de cross country et des 400 m (haies) avec le club du HAC Hydra en 1962 avant d’opter définitivement pour le basket-ball.
Palmarès vierge de l'EN : instabilité permanente
En abordant le palmarès "vierge" des Verts au niveau africain (aucun titre), l’ancien coach du RAMA endosse la responsabilité à l’instabilité permanente des instances fédérales et staffs techniques en dépit de la présence des joueurs de qualité.
"Il y avait un manque de solidité au niveau de la fédération et des staffs techniques successifs. Chaque fois qu’un nouveau bureau arrive, il efface tout et recommence le travail à zéro. Il y avait également des affinités qui ont causé beaucoup de mal à la discipline", a expliqué Benmesbah avec regret.
"Il y avait beaucoup de problèmes, notamment durant les années 1970, où les responsables de l’époque avaient fait de mauvais choix, sans tenir compte des véritables potentialités des joueurs algériens de la sélection" a-t-il indiqué, saluant au passage le "beau parcours" de son poulain Faïd Bilal, auteur de la meilleure performance du cinq national, finaliste de la CAN-2001 au Maroc, et qualifiée au Mondial-2002 d’Indianapolis (USA).
D’ailleurs, Benmesbah n’a pas manqué d’évoquer le triste souvenir de la CAN-1981 en Somalie, où le cinq algérien avait une rare opportunité d’être sacré du titre africain après avoir dominé la Somalie (pays organisateur), l’Angola et la Tunisie en phase de poules.
"Nous avions une équipe qui décelait de nombreux jeunes de qualité, forts techniquement et individuellement avec Tayeb Zenati (le joueur le plus long dans l'histoire du basket algérien avec ses 2,10 m) au sommet de son art, mais aussi des joueurs talentueux tels que Barka, Aktouf, Slimani et autre Nafaï, décidés à aller au bout de leu rêve, sous la férule d'un entraîneur hors-pair, à savoir Tayeb Abdelhadi qui a donné une "grande notoriété" au basket algérien, a-t-il dit.
"Scientifiques" versus "Empiriques" : une erreur
"Malheureusement, en demi-finale, nous avions été bombardés par des jets de pierre de Somaliens qui pensaient que l’Algérie victorieuse du Congo (141-131) avait arrangé le match sur le dos de leur équipe. Cela n’a pas empêché les organisateurs somaliens de modifier les règlements pour se qualifier au dernier carré, d’où la sage décision du chef de la délégation algérienne, le capitaine Si Hassen (ex-entraîneur de la fameuse équipe de la Gendarmerie nationale) de quitter le terrain pour éviter le pire et rentrer précipitamment au pays", a-t-il ajouté.
L’autre "grave erreur" des différents responsables de la FABB a trait, selon lui, au staff technique national.
"Il aurait fallu associer un entraîneur algérien aux côtés d’un entraîneur étranger pour obtenir de meilleurs résultats et également faire appel à toutes les potentialités existantes en Algérie et à l’étranger", a affirmé Benmesbah, ajoutant que "le clivage qui existait entre les entraîneurs +scientifiques+ et les hommes de terrain (empiriques), a beaucoup nui à la discipline".
Toutefois, il n’hésite pas à rendre hommage à des figures ayant "énormément servi" la discipline, dont le fondateur de la Fédération algérienne de basket-ball (FABB), Ali Cherifi, le capitaine Si Hassen et également Mustapha Berraf, le président du COA qui "a su prendre les décisions fermes qui s’imposaient".
En abordant le chapitre africain, Benmesbah a mis en exergue la domination de l’Angola et du Sénégal qui "font toujours appel à leurs meilleurs joueurs évoluant à l’étranger, ce qui explique leur constante domination sur la scène continentale".