Le président russe Vladimir Poutine ne veut pas rencontrer son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, Ankara ayant refusé de présenter des excuses à Moscou après la destruction d'un chasseur-bombardier russe à la frontière syrienne, a annoncé vendredi un conseiller du président russe.
"Comme nous le voyons, la Turquie refuse de s'excuser simplement pour l'incident de l'avion", a déclaré Iouri Ouchakov, s'adressant à la presse.
Le Kremlin, a-t-il poursuivi, a bien reçu l'offre de rencontre entre les deux chefs d'Etat à l'occasion de l'ouverture de la COP21 (conférence sur le climat), lundi à Paris.
Le président Erdogan a dit vendredi vouloir rencontrer Vladimir Poutine "en face à face" au sommet sur le climat de Paris pour parler de l'incident aérien qui a opposé les deux pays.
Rétablissement des visas
La Russie a décidé de rétablir les visas pour les Turcs, mettant fin au régime d'exemption en vigueur entre les deux pays, a annoncé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"Cette décision s'appliquera à partir du 1er janvier", a précisé M. Lavrov lors d'une conférence de presse avec son homologue syrien Walid Mouallem.
"Il ne s'agit pas de vengeance, (...) la menace est réelle", a-t-il assuré."Un flux de combattants s'est mis en place via la Turquie dans différentes directions".
Le chef de la diplomatie russe a précisé qu'Ankara avait expulsé cette année plus de 200 citoyens russes vers des pays menant "une politique inamicale envers la Russie", dans la grande majorité des cas sans prévenir Moscou.
Les relations entre Ankara et Moscou traversent une grave crise depuis que l'aviation turque a abattu mardi un chasseur-bombardier russe Sukhoï 24 à sa frontière avec la Syrie.
Jeudi, le Premier ministre Dmitri Medvedev a demandé au gouvernement de préparer des mesures de rétorsion économique qui pourront passer par le gel de projets conjoints, des restrictions commerciales, ou encore des limitations sur le recours à la main d'oeuvre turque en Russie.
Ces mesures doivent être rendues publiques samedi, a indiqué vendredi le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch.
Sergueï Lavrov a jugé vendredi que la Turquie avait "dépassé les limites" avec cet incident, le plus grave entre les deux pays depuis le début de l'intervention russe en Syrie le 30 septembre.
M. Erdogan a assuré vendredi que l'armée turque "ne connaissait pas la nationalité" de l'appareil et qu'elle n'avait pas "délibérément abattu un avion russe", ne faisant qu'"appliquer les règles d'engagement" en vigueur.
APS