Le décès de l'un des historiques de la Révolution de novembre, Hocine Ait Ahmed, disparu mercredi à Lauzanne (Suisse), a constitué la Une de la presse nationale de ce jeudi, qui lui a rendu, à travers de larges espaces, un grand hommage.
La presse nationale quotidienne dans les deux langues a consacré son ouverture à ce dirigeant de la Révolution, en rappelant le long parcours et les faits d'armes de ce symbole.
Le quotidien El-Moudjahid qui ouvre son édition avec le titre "Le militant au long cours", lui consacre son éditorial dans lequel il dit "le pays perd en sa personne un homme politique d'une très grande valeur qui sait, dans les conjonctures troubles et les plus difficiles, grâce à sa longue expérience et à sa lucidité patriotique, distinguer l'essentiel de l'accessoire".
"L'homme de l'idéal national"
Pour sa part El-Watan sous le titre générique "l'homme de l'idéal national", évoque le défunt le qualifiant de l'"un des chefs historiques incontestés de la Révolution de Novembre et militant aussi farouche qu'infatigable de la démocratie".
Ce quotidien en langue française lui dédie plusieurs articles "Aït Ahmed, pionnier de l'opposition au pouvoir", "l'esprit vivant de l'indépendance" et "70 ans au service de l'idéal national".
"Hocine Ait Ahmed s'en va", titre Liberté qui a choisi d'illustrer sa Une sur la photo du leader décédé sur fond noir, soulignant que l'Algérie vient de perdre l'un des pères fondateurs de la Révolution.
"Hocine Ait Ahmed ou le parcours d'un combattant"
"Hocine Ait Ahmed ou le parcours d'un combattant", "le constant opposant" sont autant d'articles qui ont accompagné l'éditorial dans lequel Liberté indique que "l'homme qui vient de tirer sa révérence ne peut pas être mort, car les révolutionnaire de sa dimension et les militants au long parcours, au long cours comme lui ne meurent jamais".
Pour le journal l'Expression Ait Ahmed, "un géant qui s'en va", "incarnait la révolution", rappelant son parcours, il écrit que cet historique "fait partie de ces hommes sans qui l'Algérie ne serait pas indépendante".
Le Soir d'Algérie a de son coté, écrit un "historique s'est éteint", mettant en relief "la consternation" des militants du Front forces socialistes à l'annonce du décès de leur chef charismatique", alors que le journal La Tribune estime que l"homme de l'Histoire est parti" s'interrogeant à travers son éditorial comment évoquer "la dimension d'un historique du mouvement anticolonial algérien, d'un homme politique de la stature d'un Hocine Ait Ahmed"?
"Le départ du dernier des géants"
"Le départ du derniers des géants", a écrit en outre le quotidien arabophone El-Khabar, qui a recueilli les réactions des représentants de la classe politique, unanime à regretter le départ d'un "révolutionnaire et militant contre la tyrannie".
Echourouk écrit de son côté que "Da El ho a vécu et mort opposant" et reprend les propos de la classe politique qui a mis en exergue qu'Ait Ahmed "était convaincu que l'amour de la patrie n'était pas lié aux postes ou aux positions saisonnières", alors qu'Ennahar, relève le "départ du père spirituel de l'opposition algérienne et le leader du FFS".
Enfin, Sawt Al-Ahrar n'a pas manqué de relater le parcours du Zaim, le qualifiant de l'un des principaux dirigeants de la Révolution et du Front de libération national avant l'indépendance.
La presse française rend hommage au dernier "fils de la Toussaint"
Quelques titres de la presse française a rendu hommage à l’un des déclencheurs de la guerre de libération, Hocine Aït Ahmed.
Le journal le Monde, dans son édition électronique, a été pratiquement le seul média à avoir écrit sur son passé révolutionnaire.
"Militant contre l’ordre colonial, il fut également un opposant déterminé à l’ordre nouveau, instauré après l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962", a relevé le journal qui ajoute que "ni son exil prolongé en Suisse, ni l’affaiblissement de son parti, le Front des forces socialistes (FFS) (à) n’auront entaché cette réputation d’opposant sans concession".
Relevant qu’il était le "diplomate de la révolution", le Monde relate qu’il était l’ambassadeur permanent du Front de libération nationale (FLN) auprès de l’ONU et représente le FLN à la conférence des non-alignés de Bandoung en avril 1955.
"Cette carrière de diplomate de la révolution est interrompue le 22 octobre 1956 par le détournement par l’armée française de l’avion qui le transporte, en compagnie d’autres dirigeants du parti, vers Tunis. Il restera en détention jusqu’en 1962", rappelle-t-il.
Le "diplomate de la révolution"
Sur le plan politique, le Monde reconnait qu’on a présenté, "souvent à tort", Aït Ahmed comme étant le "représentant des Kabyles".
"Il n’a jamais été berbériste mais aura, au contraire, œuvré pour maintenir la question berbère dans un combat pour les libertés démocratiques, refusant tout débordement vers les thèmes ethno-culturalistes", explique le journal.
Alors que le quotidien communiste l’Humanité annonce juste, dans un entrefilet, le décès de Hocine Aït Ahmed, le quotidien Libération a indiqué qu’affaibli depuis 2012, il avait cessé toute activité politique.
"Son itinéraire, écrivait José Garçon dans Libération le 15 avril 1999, symbolise une valeur ancrée dans la société algérienne : la résistance contre toutes les formes de domination", rappelle le journal, qui ajoute, dans une succincte biographie, qu’à l’indépendance en créant le FFS, "c’est le début d’un long combat pour les libertés".
Libération rappelle, que dans les années 1990, "à l’heure où l’Algérie bascule dans les violences, il est l’un des premiers à faire du retour à la paix civile la priorité des priorités".
Radio France International (RFI) a repris, dans son site électronique, le témoignage d’Ali Haroun qui relevait qu’Aït Ahmed était "l'intellectuel du groupe".
"C'était un garçon qui, déjà au lycée était un être assez exceptionnel, puisqu'il a été choisi comme le premier responsable de l'Organisation spéciale (OS), (à) qui depuis 1947 préparait l'action armée qui s'est déclenchée en 1954", a-t-il noté.
Figure de la classe politique algérienne durant un demi-siècle, il fut auparavant l'un des fers de lance de la résistance à la colonisation française», a souligné RFI, qui ajoute : "Svelte, élégant, habillé sobrement mais avec recherche, le nez aquilin et le et les cheveux poivre et sel, Aït Ahmed, qui était docteur en droit, cultivait l'image d'un homme calme, posé et de grande culture". A signaler que les autres médias se sont contentés de reprendre les dépêches de l’AFP.