Deux grands favoris, le Cheikh Salman et Gianni Infantino, se détachent largement en vue de l'élection à la présidence de la Fifa, vendredi, les trois autres postulants, le Prince Ali, Jérôme Champagne et Tokyo Sexwale, étant condamnés à faire de la figuration.
Le Cheikh Salman, favori décrié
Patron de la Confédération asiatique (AFC) et vice-président de la Fifa depuis 2015, le Cheikh Salman ben Ibrahim al Khalifa, membre de la famille royale du Bahreïn, possède sur le papier tous les atouts pour succéder à Sepp Blatter.
Le soutien officiel de l'Afrique, habituel faiseur de rois à la Fédération internationale et qui dispose du plus gros réservoir de voix au Congrès (54), a ainsi placé en première ligne ce dirigeant de 50 ans, qui avait d'abord opté pour Michel Platini avant que la suspension du Français ne le pousse à se présenter.
Il reste néanmoins un gros écueil à éviter pour le Cheikh Salman: plusieurs organisations de défense des Droits de l'Homme ont pointé du doigt son rôle présumé dans la répression du mouvement de contestation du régime au Bahreïn en 2011.
Autre point faible: son éventuelle accession à la tête de la Fifa remettrait un coup de projecteur sur l'attribution du Mondial-2022 au Qatar, dont il a été un fervent partisan.
Une telle carte de visite fait désordre alors que l'instance mondiale reste embourbée dans la pire crise de son histoire sur fond de soupçons de corruption.
Gianni Infantino, le plan B devenu plan A
Rien ne prédestinait ce juriste italo-suisse de 45 ans à briguer la présidence de la Fifa. Secrétaire général de l'UEFA depuis 2009, Infantino a longtemps navigué dans l'ombre de son patron, Michel Platini. Mais il est devenu le candidat de substitution de l'Europe dès le début des ennuis de son mentor.
Infantino a depuis sillonné le monde et prend bien soin de préciser qu'il défend son programme et non celui du Français. Outre l'UEFA, la Confédération sud-américaine (Conmebol) et une partie de la Concacaf (Amérique du nord, centrale et Caraïbes), ce véritable polyglotte prétend avoir l'appui de plusieurs pays africains, marchant ainsi allègrement sur les plates-bandes du Cheikh Salman.
Son principal handicap: un profil de technocrate et d'administratif ainsi que son étiquette d'"Européen".
Le Prince Ali, agitateur faute de mieux
Le demi-frère du roi de Jordanie est sorti de l'anonymat en mai 2015 en poussant Joseph Blatter à un deuxième tour lors de l'élection à la présidence, avant de se retirer. A l'époque, Ali ben Al Hussein, âgé de 40 ans et membre du Comité exécutif de la Fifa de 2011 à 2015, avait obtenu 73 voix grâce notamment au soutien de l'Europe.
Aujourd'hui, ses chances de rééditer cet exploit sont quasi-nulles et il s'est surtout distingué par un activisme procédural pour tenter d'exister. Mais il a enregistré une amère défaite mercredi après le rejet par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de sa demande d'installer des isoloirs transparents.
Jérôme Champagne, homme du sérail sans espoir
Le Français de 57 ans avait déjà essayé de se présenter à la tête de la Fifa en 2015 mais n'avait pas obtenu les 5 parrainages d'associations nationales nécessaires. Cette fois, l'ancien secrétaire général adjoint de l'instance (2002-2005), réputé proche de Blatter auprès de qui il a oeuvré durant 11 ans au sein de la Fédération internationale, a eu son sésame mais pas le soutien de la Fédération française.
Dans la lignée de Blatter, l'ex-diplomate a fait de l'aide au développement et de la méfiance vis-à-vis de l'Europe ses chevaux de bataille. Ce qui risque toutefois d'être insuffisant pour bousculer l'ordre établi et de survivre au premier tour.
Tokyo Sexwale, un candidat très discret
L'homme d'affaires sud-africain pouvait incarner une certaine virginité à la tête d'une Fifa minée par les scandales, grâce à son passé de compagnon de route de Nelson Mandela dans la lutte anti-apartheid et à ses 13 années passées dans les geôles de Robben Island.
Mais sa campagne a été très terne et très discrète, une situation qui a même interpellé sa propre fédération nationale. Il a pourtant déclaré jeudi, veille du scrutin, qu'il se maintenait dans la course malgré l'échec attendu.
Keyvan Naraghi/AFP