Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a indiqué lundi à Alger que l'expérience algérienne en matière de lutte contre la violence faite aux femmes pouvait servir de "référence utile", soulignant que la défense des droits des femmes était une "priorité" pour le gouvernement.
Dans une allocution à l'ouverture des travaux de la 5e Assemblée générale de la Déclaration de Kigali, M. Sellal a précisé que l'expérience algérienne "peut servir de référence utile dans la mesure où la défense des droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de violence faite aux femmes sont des priorités dans l'action menée par le gouvernement algérien en application des orientations du président de la République qui insiste toujours sur le fait que le moment est venu d'accorder à l'autre moitié de notre société la place que lui garantit la Constitution".
Le Premier ministre a rappelé que l'Algérie avait adopté en 2007 une stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes qui repose, a-t-il dit, sur "la protection, l'insertion sociale et économique et les réformes juridiques et institutionnelles ayant abouti à l'adoption, en décembre 2015, de la nouvelle loi sur la lutte contre la violence faite aux femmes, concrétisant ainsi la volonté de l'Etat à promouvoir la femme et à renforcer l'arsenal criminalisant la violence à l'égard des femmes et protégeant ses intérêts et sa dignité".
M. Sellal a également évoqué la création d'un prix national de lutte contre la violence faite aux femmes "pour appuyer les efforts de sensibilisation, de protection et d'éducation" qui sont susceptibles de contribuer à "l'élimination des préjugés qui engendrent la violence", a-t-il dit.
Il en outre rappelé la détermination du gouvernement à poursuivre les efforts à différents niveaux, notamment à travers des initiatives qui garantissent le respect des droits des femmes en toute circonstance.
La présente rencontre se veut "une réponse du continent à l'appel que le secrétaire général de l'ONU a lancé, en février 2008, pour mettre fin à toutes les formes de violence contre les femmes et les filles", a estimé le Premier ministre.
Ce fléau compte parmi "les plus graves et plus anciennes violations des droits de l'homme", a soutenu M. Sellal, soulignant qu'"en dépit des efforts colossaux déployés pour éradiquer le phénomène, il nous incombe d'en consentir davantage pour venir à bout de toute forme de violence".
Pour le Premier ministre, "les résultats obtenus en quelques années sont considérables et encourageants mais restent bien loin de l'objectif escompté".
M. Sellal a mis en avant l'importance de cette rencontre qui permet d'"évaluer les activités de l'ONU et les efforts continentaux, notamment des services de sécurité".
Il est impératif que les services de sécurité africains et Afripol collaborent pour identifier les meilleures pratiques et impulser l'action commune africaine pour juguler la violence à l'égard des femmes, a insisté le Premier ministre.
Ban Ki-moon souligne le rôle primordial de la police dans la lutte contre la violence faite aux femmes
Lors de son intervention à l'ouverture des travaux des travaux de la 5e Assemblée générale de la Déclaration de Kigali, le secrétaire général de l’ONU a souligné le rôle primordial de la police dans la lutte contre la violence faite aux femmes, appelant celles-ci à adhérer davantage aux structures de sûreté.
La lutte contre la violence faite aux femmes "s'inscrit parmi les priorités du programme de développement à l'horizon 2030", a indiqué M. Ban, avant d'affirmer que "notre objectif consiste à réaliser l'égalité entre les deux sexes et à concevoir un monde débarrassé de toute forme de violence et de discrimination".
Il a précisé que "depuis son accession au poste de secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), il n'a de cesse soutenu cette question à savoir la lutte contre la violence faite aux femmes", rappelant que la campagne lancée en 2008 sous le slogan "Tous ensemble pour lutter contre la violence faite aux femmes", avait vu la participation d'un nombre important de parlementaires et de chefs d'Etat outre les efforts des gouvernements et des partenaires pour en garantir le plein succès.
A cette occasion, le responsable onusien a salué "l'engagement des pays africains qui rejettent la violence contre les femmes, un point capital sur lequel j'insiste aujourd'hui", indiquant que "lorsque nous parlons de femmes nous parlons de toutes les femmes du monde dès lors que cette catégorie représente la moitié de la population".
Il n'a pas manqué d'exhorter les parties concernées à donner plus chance à cette catégorie tant au plan social qu'économique.
Par ailleurs, Ban Ki-moon a appelé à redoubler d'efforts afin de contribuer à la protection des droits de l'Homme et à la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes, rappelant la Charte africaine de protection des droits de l'Homme et sa ratification par plusieurs pays.
Il a insisté à ce propos, sur l'importance de "changer les mentalités". "Tout un chacun devrait prendre conscience que les femmes sont des partenaires pour édifier une société homogène",a-t-il tenu à dire.
Il a appelé ainsi à "encourager les femmes à adhérer aux corps de sûreté", citant l'expérience réussie de la police du Libéria et les unités indiennes chargées de la lutte contre la violence faite aux femmes.
Emanuel Kazaka : les services de sécurité sont des éléments essentiels dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes
Les services de sécurité en Afrique doivent se définir en tant qu'"élément essentiel" dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes, a indiqué, Emanuel Kazaka, inspecteur général de la police rwandaise.
Dans son allocution à l'ouverture des travaux de la 5e Assemblée générale de la Déclaration de Kigali, M. Kazaka, également président de la 4e la Assemblée générale, a appelé "les services de sécurité en Afrique à se définir en tant qu'élément essentiel pour la lutte contre la violence à l'égard des femmes."
"Nous devons nous unir à tout les niveaux, locale, régional et international et aller au delà du continent africain", a-t-il ajouté, affirmant qu'il faut "accorder surtout un peu plus d'importances aux situations post-conflits et faire des recommandations de la Conférence de Kigali une partie intégrante des politiques de service de sécurité."