Une opération d'identification des pièces industrielles importées, qui pourraient être fabriquées en Algérie, sera lancée avant juin prochain dans le but de réduire leur importation et renforcer la sous-traitance locale, a indiqué à l'APS un responsable de la Bourse de sous-traitance et de partenariat (BSP).
Initiée par la BSP, qui compte un millier de sous-traitants, cette démarche a eu l'aval du ministère de l'Industrie et des mines, affirme Mohamed El-Hadi Bourkab, manager général de la région Est auprès de cette bourse de sous-traitance.
Une feuille de route sera établie par les deux parties pour le lancement de ce processus qui concernera les entreprises publiques et privées industrielles activant dans les filières mécanique, électroménager, électricité et hydrocarbures essentiellement.
"Le ministère de l'Industrie est des mines a donné un avis favorable au lancement de cette opération. Il est actuellement en négociation avec les Groupes industriels publics et les Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP), ainsi que les entreprises concernées pour arrêter les modalités de cette démarche. Une fois que les entreprises seront instruites pour s'ouvrir aux sous-traitants locaux, l'opération sera alors lancée", fait savoir le même responsable.
Les entreprises les plus visées par cette opération sont les grands donneurs d'ordre telles Sonatrach, Sonelgaz, SNVI ainsi que les grandes entreprises privées et l'usine de montage des véhicules Renault Algérie et celles qui seront prochainement installées.
Il s'agira "de suggérer aux entreprises d'ouvrir leurs locaux aux sous-traitants, d'exposer toutes les pièces industrielles qu'elles importent, organiser des visites aux sous-traitants, identifier les pièces fabricables en Algérie et en établir une liste, demander aux opérateurs de réaliser des prototypes, les remettre aux entreprises pour les homologuer, puis interdire leur importation une fois fabriquées localement", détaille-t-il.
Pour M. Bourkab, ce projet sera également dans l'intérêt des entreprises-donneurs d'ordre puisque cela leur permettra d'augmenter leur taux d'intégration et réduire le coût de leurs produits finis.
A ce propos, il indique que la BSP avait déjà engagé une expérience similaire dans le domaine de la fabrication des tracteurs et des moissonneuses-batteuses, ayant permis d'identifier une cinquantaine de pièces qui sont inscrites comme "fabricables en Algérie, donc interdites à l'importation".
L'importation, premier obstacle au développement de la sous-traitance
Selon plusieurs sous-traitants locaux, avec la nouvelle vision du ministère de l'Industrie et des mines visant le développement d'une industrie mécanique locale et, par ricochet, de la sous-traitance nationale, il faudrait d'abord mettre de l'ordre dans les importations des pièces industrielles, "premier obstacle entravant le développement de la sous-traitance".
"Ce qui gêne la sous-traitance nationale est qu'il y a trop de facilités accordées aux importateurs. On doit d'abord instaurer des mesures pour limiter les importations si l'on veut réellement encourager les fabricants locaux à développer la sous-traitance", déclare à l'APS Imad Chabane, P-dg d'une entreprise privée spécialisée dans la fabrication des pièces de mécanique de précision.
Les entreprises étrangères qui activent en Algérie, explique-t-il, préfèrent importer des pièces, qui peuvent être facilement fabriquées localement, "afin de favoriser la production dans leur pays d'origine et leurs réseaux de sous-traitants".
Dans ce sens, il préconise que des mesures de lutte contre ces pratiques, entravant le développement de la sous-traitance, soient mises en place.
Un avis que partage Bachir Zine, responsable dans une société algéro-tunisienne spécialisée dans la fabrication des batteries: "Chaque entreprise défend ses intérêts et ceux de ses partenaires. Donc, même si un investisseur étranger s'installe en Algérie, il préfère importer toute la composante de ses produits".
Pour faire face à ces dysfonctionnements, il cite la méthode pratiquée par plusieurs pays, y compris les grands pays industriels qui recourent même à des pratiques protectionnistes "masquées", consistant à établir des cahiers des charges qui dissuadent les investisseurs nationaux ou étrangers d'aller vers l'importation des produits fabriqués localement.