La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, était vendredi sous le feu de critiques des républicains à quelques jours du scrutin présidentiel, après la relance soudaine par le FBI (police fédérale) de l'affaire de sa messagerie privée, qui avait été classée en juillet.
Alors qu'elle domine nettement dans les sondages, à onze jours du scrutin, le directeur du FBI, James Comey, a annoncé au Congrès que de nouveaux messages avaient été découverts et devaient être examinés par les enquêteurs fédéraux pour déterminer s'ils contiennent des informations significatives ou confidentielles.
"Je suis certaine, quels qu'ils soient, qu'ils ne changeront pas la conclusion de juillet", a réagi Hillary Clinton en fin de journée lors d'un court point presse à Des Moines, dans l'Iowa. Elle a appelé le directeur du FBI à publier plus d'informations que la courte lettre qu'il a envoyée quelques heures plus tôt à des élus du Congrès.
"Nous sommes à 11 jours de ce qui est peut-être l'élection nationale la plus importante de notre vie. Le vote a déjà commencé dans le pays. Les Américains méritent donc d'obtenir tous les faits immédiatement", a-t-elle poursuivi.
Ces milliers de messages ont été découverts, selon NBC, sur un ordinateur portable ayant appartenu à Huma Abedin, proche d'Hillary Clinton et membre de son cabinet au département d'Etat, et à son mari Anthony Weiner, dont elle est séparée depuis août et qui fait l'objet d'une enquête pour l'envoi de messages "à caractère sexuel avec une mineure".
Aucun autre détail n'a été communiqué par le patron de la police fédérale dans sa lettre de trois paragraphes, envoyée aux présidents de commissions compétentes du Congrès, contrôlé par les républicains.
Le candidat républicain, Donald Trump, a lui saisi l'occasion pour assurer à ses partisans que l'élection présidentielle n'"était pas jouée". Il s'était inquiété dans le passé de la proximité entre un personnage tel qu'Anthony Weiner et l'ancienne secrétaire d'Etat, par l'intermédiaire d'Huma Abedin, l'une des plus proches collaboratrices d'Hillary Clinton depuis la fin des années 1990.
"La corruption d'Hillary Clinton atteint une ampleur sans précédent", a-t-il dit au début d'un meeting à Manchester, dans le New Hampshire, tandis que ses partisans scandaient "enfermez-la!".
"Nous allons regagner la Maison Blanche", a clamé Donald Trump.
Ce rebondissement a immédiatement dominé la couverture médiatique, reléguant au second plan la journée de campagne d'Hillary Clinton dans l'Iowa.
Le meeting de soutien de Barack Obama en Floride a également été éclipsé, selon les médias.
"Je sais que l'actualité dans cette campagne est souvent décourageante ou cynique. A cause de la nature d'internet et des réseaux sociaux, il est parfois difficile de distinguer le vrai du faux", a-t-il déclaré à Orlando. "Mais je vous en supplie, le choix proposé lors de cette élection est vraiment clair", a-t-il dit.
Des alliés de la démocrate ont accusé le patron du FBI de couvrir ses arrières en cas d'alternance. "Mais c'est vraiment irresponsable de ne pas clarifier de quoi il s'agit", a écrit David Axelrod, ex-conseiller d'Obama, sur Twitter.
La sénatrice de Californie Dianne Feinstein s'est dite "choquée" de la lettre de M. Comey, qui en dit selon elle trop ou trop peu, attisant ainsi les suspicions.
James Comey avait recommandé en juillet de classer l'affaire, un avis suivi par le département de la Justice, mais il avait pris soin de souligner que l'ancienne secrétaire d'Etat avait fait preuve d'une "négligence extrême".
La démocrate a présenté ses excuses l'an dernier dans cette affaire, mais elle a toujours prétendu n'avoir rien fait d'illégal.
Pendant ses quatre années à la tête du département d'Etat, de 2009 à 2013, elle communiquait avec une messagerie privée grâce à un serveur privé installé dans son domicile de Chappaqua, au lieu d'avoir recours à un compte gouvernemental, exposant potentiellement des informations confidentielles à un piratage.
Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, a demandé que Mme Clinton soit privée des séances d'informations classifiées auxquelles ont droit les candidats à la Maison Blanche. APS