La ministre de l’ Education nationale, Nouria Benghabrit, a affirmé que le minimum sur lequel devraient s’ entendre les Algériens est l’ école, soulignant que l’ "ennemi commun" est la médiocrité.
"Notre ennemi commun, c’ est la médiocrité. Nous pouvons nous empoigner sur tel ou tel autre sujet, mais le minimum sur lequel nous devons nous entendre est l’ école", a-t-elle expliqué dans une interview accordée au mensuel français Afrique Asie, estimant que "fausser le débat ne sert pas les élèves".
Pour la ministre, que le mensuel qualifie "femme courage", les Algériens doivent comprendre que les résultats de la réforme du système éducatif "ne peuvent être visibles tout de suite" car, a-t-elle expliqué, "les éléments que nous injectons au fur et à mesure prendront toute leur ampleur sur le moyen et le long terme".
"Mais je pense vraiment que nous avons créé un véritable espoir", a-t-elle dit, soutenant que l’ école peut aujourd’ hui "répondre à la demande de forger un enfant, un citoyen fier de lui-même et de son algérianité, ouvert sur le monde par le biais des langues, et outillé pour l’ affronter".
Faisant allusion aux résistances dans le secteur, Nouria Benghabrit a indiqué qu’ en deux années, "malgré tous les freins qui nous étaient opposés, nous avons réussi notre examen face à la société".
"Cette société partageait, elle aussi, cette angoisse, mais celle-ci s’est progressivement transformée en demande et en espoir", a-t-elle expliqué, relevant que l’ Algérie dispose d’ un public scolaire "discipliné".
"Dans nos 28.000 établissements, qui abritent pas moins de 8,5 millions d’élèves, il y a un respect de l’ enseignant et du savoir qu’ il transmet. A mon sens, il faut en profiter", a-t-elle précisé, indiquant que tous les efforts sont concentrés actuellement sur la formation des formateurs pour arriver à faire de la classe et de sa gestion une "compétence à part entière".
Dans ce contexte, elle a précisé que l’objectif du gouvernement est d’ avoir au moins un lieu de formation d’ enseignants par wilaya, partant du fait que le secteur de l’ éducation, éprouvé par des départs massifs à la retraite, nécessite de la formation continue.
Elle a indiqué que l’ année dernière, les Ecoles normales supérieures (ENS) ont fourni 6.000 instituteurs formés pour devenir enseignants du primaire, du collège et du lycée, alors que le besoin est évalué à 28.000 postes.
Au sujet de la campagne hostile dont elle a été la cible, la ministre de l’ Education nationale a considéré que cette campagne "symptomatique" de la politisation de la scène médiatique "est davantage liée aux préjugés et à l’ ignorance".
"Je crois que le système éducatif, tel que nous connaissons depuis l’ indépendance, en dehors de la phase Mustapha Lacheraf qui a voulu apporter des changements clairs vis-à-vis de la société, a toujours pâti de l’ attitude de ceux qui ont des rentes de situation et des rentes idéologiques", a-t-elle précisé, les qualifiant plus loin d'"ennemis du changement".
"Une révision en profondeur de l’ école était nécessaire, mais sa mise en oeuvre a connu beaucoup de résistance et de réticence", a-t-elle fait remarquer, rappelant que les débats sur les réformes avaient été tranchés en 2000 et "il a fallu attendre 2003 pour le mise en £uvre de (ses) grandes lignes".
APS