
L'ancien envoyé de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, a affirmé que le règlement du conflit dans ce pays était «une priorité capitale et pressante», appelant les différents intervenants dans la crise syrienne à aider les Syriens à aller vers la réconciliation et la reconstruction de leur pays.
«L'arrêt de la guerre est une priorité capitale et pressante pour aider les Syriens à se réconcilier, préserver l'intégrité de leur pays et le reconstruire», a considéré l'ancien chef de la diplomatie algérienne dans un entretien à l'APS.
«La préservation de l'unité de la Syrie est fondamentale», a soutenu M. Brahimi, appelant les Syriens, toutes obédiences confondues, y compris le président Bachar al-Assad, à collaborer pour opérer le changement auquel aspire le peuple syrien.
Il a estimé à cet égard qu'il «n'est pas possible de contourner le changement ni d'en dénier la nécessité» formant le vœu que les Etats intervenus dans ce conflit qui embrase la Syrie depuis près de 5 ans au profit de quelque partie que ce soit, prennent conscience que «le règlement de la crise ne passe pas par la force militaire et que seule une solution politique peut satisfaire le peuple syrien et donner lieu à l'édification d'une Syrie nouvelle (…) Une telle solution passe nécessairement par le changement», a insisté M. Brahimi.
Pour le diplomate algérien, «les Syriens doivent dialoguer pour trouver une solution au conflit» et les pays étrangers intervenus dans ce pays doivent aider les Syriens à se réconcilier et à construire une Syrie nouvelle.
M. Brahimi a averti que les interventions étrangères en Syrie au prétexte d'aider les Syriens n'étaient pas, en fin de compte, à l'avantage du peuple syrien.
L'intervention dans le conflit syrien a non seulement était coûteuse pour ces pays, mais elle a aussi fait perdurer le conflit, a-t-il argué.
Il appartient aux Libyens de régler eux-mêmes leur crise
Concernant la crise en Libye, le diplomate algérien a qualifié, dans son entretien à l'APS, la situation prévalant dans ce pays de «véritable catastrophe», de «tragédie» et d'«injustice» pour les Libyens.
«L'intervention étrangère en Libye n'a pas tenu compte des intérêts du peuple libyen. C'est une grave injustice», a-t-il dit.
Mettant en avant «le rôle et les efforts soutenus de l'Algérie pour aider les Libyens à régler leurs problèmes» aux côtés des efforts des Libyens et de l'ONU, le diplomate a affirmé qu'«il ne saurait y avoir d'alternative à l'effort national» et qu'«il appartient aux Libyens de régler eux-mêmes leurs problèmes».
Mettant en garde contre les dangers que pose la crise libyenne pour le Maghreb arabe, M. Brahimi a estimé qu'un problème de l'ampleur de la crise libyenne ou syrienne ne saurait être contenu dans les frontières et qu'il est dans l'intérêt de la Tunisie, de l'Egypte, de l'Algérie et des pays du Sahel de régler la crise libyenne dans les plus brefs délais et conformément aux aspirations des Libyens. Il a, à cet égard, rappelé les problèmes suscités par cette crise au niveau des frontières des pays voisins, dont le trafic d'armes et la question des migrants.
Pour cet ancien envoyé onusien en Afghanistan, en Irak et dans d'autres régions, tout projet de règlement de crise doit impérativement tenir compte de «ce qui est demandé, ce qui est possible et ce qui est dans l'intérêt de la population du pays concerné».
Sahara occidental : Antonio Guterres suscite bien des espoirs…
Abordant la question du Sahara occidental et la possibilité pour le nouveau SG de l'ONU, Antonio Guterres, de réaliser une avancée dans ce dossier, M. Brahimi a rappelé que cette question était inscrite aux Nations Unies et qu'il y avait un cadre que ni lui (Guterres), ni aucun autre ne pouvaient outrepasser pour ce dossier.
M. Guterres est très expérimenté et connaît bien les Nations Unies. Il est bien préparé pour appréhender ses fonctions, a-t-il affirmé.
Les deux entraves bloquant la réforme de l’ONU
A une question sur la revendication de réforme de l'ONU formulée par plusieurs pays, africains notamment, le diplomate a déploré deux entraves contre lesquelles cette démarche butte : la première est la stipulation de la charte onusienne qu'aucun changement ne peut être apporté aux Nations Unies sans l'accord des cinq membres permanents, la seconde est liée aux divergences entre les pays africains, ceux de l'ASEAN (association des nations de l'Asie du Sud-est) et les pays d'Amérique latine.
APS