Le nouvel ambassadeur britannique auprès de l'Union européenne, Tim Barrow, a été nommé jeudi en succession d’Ivan Rogers qui a démissionné mardi 3 janvier. Londres a désigné un diplomate sans parti pris, proche de Theresa May qui l'aurait choisi pour son expérience et pour rassurer les hauts fonctionnaires, selon d'anciens collègues et des experts.
"Excellent choix. J'ai travaillé à Moscou avec l'ambassadeur Barrow. Il était un top niveau", a écrit sur Twitter l'ancien ambassadeur américain à Moscou, Michael McFaul.
Charles Grant, directeur du Centre for European Reform, un cercle de réflexion londonien, a aussi qualifié cette nomination de "choix inspiré" sur Twitter.
Cet ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Moscou et en Ukraine a occupé à deux reprises des fonctions diplomatiques à Bruxelles.
Pour le quotidien Financial Times, citant d'anciens collègues du diplomate, Barrow est un haut fonctionnaire "traditionnel" qui n'a pas vraiment de "positions politiques", qui n'est "pas ouvertement eurosceptique" et qui "fera ce qu'on lui dit".
Fort d'une solide expérience de l'Union européenne et de ses rouages, il est considéré comme un "choix sûr" pour Theresa May, visant à "dissiper les inquiétudes quant à une politisation des fonctionnaires".
Même vision pour le quotidien le Guardian qui juge que la désignation de ce diplomate de carrière a pour but de "calmer les tensions après la démission brutale" d’Ivan Rogers qui a critiqué le manque de préparation du gouvernement face au Brexit.
Au sein des fonctionnaires et diplomates britanniques à Bruxelles, "Ivan Rogers était très apprécié et ils ont revécu un nouveau 23 juin (date du référendum sur l'appartenance à l'UE, ndlr)" avec l'annonce de son départ, a expliqué la source diplomatique européenne.
Diplomate par excellence
Critiqué et qualifié d'europhile par les partisans du Brexit, Ivan Rogers a été défendu dans le quotidien "Times" par des hauts fonctionnaires ayant été en poste à Bruxelles, qui ont salué son sérieux, son expertise sur l'Europe et son courage de partager ses craintes sur la préparation des négociations de sortie de l'UE.
Un porte-parole du parti europhobe Ukip, Gerard Batten, a lui jugé "décevante" sa désignation. "Nous devons nous débarrasser des diplomates de carrière qui ont été incapables de protéger les intérêts britanniques pendant 44 ans", a-t-il ajouté, appelant à les remplacer par des "Brexiters engagés".
"Allié proche de Mme May et de M. Johnson", aux yeux du journal Daily Telegraph, Tim Barrow est présenté comme un "optimiste", en "contraste flagrant" avec le "pessimisme" de son prédécesseur.
Mais pour Keir Starmer, le Monsieur Brexit de l'opposition travailliste, l’entrée en piste de Tim Barrow "ne répond pas à un certain nombre de questions" posées par la démission d'Ivan Rogers et ses critiques sur la gestion du dossier Brexit.
"Il s'agit des négociations les plus importantes depuis des générations et il est inacceptable d'avoir ce niveau de préparation (...) à seulement 10 ou 11 semaines du déclenchement de l'article 50" du Traité de Lisbonne, qui lancera officiellement la procédure de séparation, a-t-il déclaré.