Ouverture à Genève d'une Conférence sur Chypre, pas d'accord en vue

 Le nouveau secrétaire général de l'ONU  Antonio Guterres a ouvert jeudi à Genève une Conférence sur Chypre pour tenter  de mettre fin à 42 ans de division entre communautés turque et grecque, mais la  création d'un futur Etat fédéré semble encore loin.

Cette Conférence "historique", qui est chargée de discuter uniquement des  garanties de sécurité d'une île de Chypre réunifiée, a été convoquée à l'issue  de trois jours d'intenses négociations entre les dirigeants des deux  communautés chypriotes sous l'égide de l'ONU.

La Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne, "garants" actuels de la  sécurité de Chypre, ont dépêché à Genève leur ministre des Affaires étrangères,  Nikos Kotzias, Mevlut Cavusoglu et Boris Johnson.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et la chef de  la diplomatie européenne Federica Mogherini, sont également présents au Palais  des Nations, siège européen de l'ONU, car la République de Chypre (partie sud)  est membre de l'Union européenne depuis 2004.

Premier échange de cartes  

Les Chypriotes turcs habitent eux dans la partie nord de l'île, où une  République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, a  été autoproclamée après l'échec d'un coup d'Etat visant à rattacher Chypre à  "la Grèce des colonels" en 1974 et l'invasion de l'armée turque au nord.

Depuis, des Casques bleus de l'ONU contrôlent la "ligne verte", une zone  tampon démilitarisée séparant les deux communautés.

Mercredi soir, au dernier jour des négociations intrachypriotes qui avaient  débuté lundi, le président chypriote grec Nicos Anastasiades et le dirigeant  chypriote turc Mustafa Akinci ont pour la première fois échangé des cartes sur  leur vision du futur Etat fédéré. 

Ces documents ont été confiés au médiateur de l'ONU, le Norvégien Espen  Barth Eide, qui a précisé qu'ils seraient conservés dans un coffre à l'ONU. 

Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent  actuellement 37% de l'île. Selon les médias chypriotes, la partie grecque  serait disposée à leur accorder 28,2% du futur Etat, alors que la partie turque  en réclamerait 29,2%. 

Le porte-parole du gouvernement chypriote-grec, Nikos Christodoulides, a  déclaré que la carte présentée par la partie turque restait dans la limite des  29,2%. "Mais il y a des parties et des aspects qui ne nous satisfont pas, en  d'autres termes, ce n'est pas satisfaisant en tant que résultat final", a-t-il  ajouté.

Il a toutefois jugé "positif" ce premier échange de cartes depuis le début  du conflit et annoncé que "les négociations vont continuer" à une date qui n'a  pas encore été fixée. 

Présence militaire

Le porte-parole a insisté sur le fait que la Conférence doit aborder  "exclusivement les garanties de sécurité", pas les "questions intérieures"  telles que la restitution des propriétés spoliées, le découpage territorial ou  la gouvernance du futur Etat.

Le président chypriote-grec réclame le départ des quelque 30.000 soldats  turcs stationnés dans la partie nord de l'île, mais le dirigeant  chypriote-turc, tout comme Ankara, souhaite leur maintien pour protéger sa  communauté.

La Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale, possède également des bases  militaires dans la partie sud de l'île. Lors de précédentes négociations, 

Londres avait offert de restituer 49% (117 km2) du territoire occupé par ses  bases.

Dans son discours à la Conférence, le ministre turc des Affaires  étrangères, Mevlut Cavusoglu, a réclamé "une solution complète qui garantit  l'égalité, les droits légitimes et la sécurité de la partie chypriote-turque".

"Etant donné les circonstances dans notre région, il est nécessaire de  maintenir les règles de Garanties et de Sécurité qui constituent les bases  fondamentales de la sécurité et de la stabilité de l'île depuis 43 ans", a-t-il  insisté.

La Grèce, elle, veut "la fin du régime anachronique des garanties" de  sécurité et le départ à terme de toutes les troupes turques. 

A son arrivée à Genève, Boris Johnson a déclaré que son pays était prêt à  aider "de toutes les façons possibles" à trouver une solution au conflit  chypriote.  

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