L'Inde a lancé lundi pour la première fois sa nouvelle fusée qui n'utilise que des technologies localement conçues, dont un moteur cryotechnique, augmentant la capacité de lancement de son frugal mais ambitieux programme spatial.
Un lanceur GSLV-MkIII, haut de 43 m, s'est élevé à 17h28 locales (11h58 GMT) du pas de tir de Sriharikota, dans le sud-est du pays, l'une des deux bases de lancement de satellites de l'agence spatiale indienne (ISRO). Il a placé en orbite un satellite de communication de plus de trois tonnes.
La nation d'Asie du Sud se trouve désormais en mesure d'envoyer dans l'espaces des satellites pesant jusqu'à quatre tonnes et rejoint ainsi un club très fermé de pays. L'Inde dépendait jusqu'ici de lanceurs étrangers pour ses satellites d'un poids supérieur à 2,5 tonnes."La mission GSLV - MKIII D1/GSAT-19 raproche l'Inde de la prochaine génération de véhicule lanceur et de capacité de satellite. La nation est fière !", a aussitôt tweeté le Premier ministre Narendra Modi.
Si le lanceur avait déjà été testé lors d'un vol sous-orbital en 2014, c'est la première fois que l'Inde utilisait son nouveau moteur développé localement, dont l'extrême complexité technologique donne une puissance nouvelle à ses fusées.
"Ils viennent de lancer le moteur le plus puissant en Inde. Ce moteur cryotechnique a mis 20 ans à être développé, des ingénieurs ont travaillé toute leur vie dessus", a expliqué Mathieu Weiss, représentant du Centre national d'études spatiales (CNES) français en Inde, qui assistait au lancement avec une délégation diplomatique française.
La puissance de lancement obtenue par cette technologie donne à l'Inde l'équivalent d'une fusée européenne Ariane 4, a-t-il décrit, et lui permettra de mettre en orbite par ses propres moyens une bonne partie de ses satellites.
Initié dans les années 1960, le programme spatial indien a attiré l'attention du monde entier en réussissant à placer une sonde en orbite autour de Mars en 2014.
Le géant d'Asie du Sud développe aussi une navette réutilisable, qui pourrait permettre d'envoyer des satellites à des prix bien inférieurs aux cours actuels. En parallèle, l'ISRO étudie des possibilités de missions vers Jupiter et Vénus. APS