«Le constat est là ! L’opération de bancarisation des capitaux en circulation hors circuits formels ainsi que l’emprunt obligataire n’ont pas eu les résultats escomptés», tranche, d’emblée, le Professeur Mohamed Boudjellal qui soutient, en revanche, que l’introduction de la finance islamique dans le système bancaire national, permettra de capter ces sommes faramineuses estimées, selon lui, à plus de 3 700 milliards DA, sans compter les «20 milliards de dollars qui circulent dans le marché parallèle».
Lors de son intervention, ce mardi, dans l’émission «point de vue», le professeur s’est appuyé sur les exemples de la Malaisie et de l’Angleterre pour étayer ses recommandations. Selon lui, ces deux pays «pragmatiques» ont réformé leurs systèmes bancaires et introduit, «avec succès», ce modèle de finance dit «sans intérêt» ou de «mourabaha».
«La performance d’un système bancaire, indique-t-il, se mesure par sa capacité à drainer l’argent qui circule hors-circuit bancaire», affirmant que les banques en Algérie sont boudées, en grande partie, pour la pratique de l’intérêt. «Peu importe la couleur du chat, l’essentiel qu’il attrape la souris», ironise-t-il pour appeler les Algériens à «sortir de cette polémique hallal ou haram, pour aller droit au but».
Pour conclure sa plaidoirie, M. Boudjellal a appelé les autorités à «donner la chance à la finance islamique pour bancariser cette masse d’argent et créer une dynamique économique».
La finance islamique, faut-il le préciser, fait bien son chemin en Algérie. En plus des banques déjà existantes et qui proposent des formules «hallal», l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), avait, récemment, annoncé que les premières opérations bancaires de la finance islamique devraient être lancées par certaines banques avant la fin de l'année 2017 et la Bourse d’Alger travaille, pour sa part, sur «un projet d’introduction du chèque islamique dans ses transactions financières».
Quel sera l’impact de l’introduction de cette formule dans le système bancaire national ? Seul l’avenir nous le dira. Car, au-delà des personnes qui boudent les banques par convictions religieuses, certains barons de l’informel et contrevenants n’évoquent cet argument que pour frauder et échapper au payement des taxes et autres impositions.
A rappeler que lors d’un Forum économique sur la finance islamique et son impact sur l’économie nationale, organisé par l’association des journalistes et correspondants de presse de Blida, des économistes et des experts ont affirmé unanimement que "la réussite du projet de mise en place de la finance islamique repose sur la mise en place d’un cadre organisationnel et la prise de décisions fermes de la part de l’Etat qui obligerait les banques à appliquer ce système de financement".