La question de la reconduction de l'accord de baisse de la production de pétrole, au-delà du 31 mars 2018, sera au menu, jeudi à Vienne, de la réunion entre l’Opep et les pays non membres associés à cet accord dont la Russie.
En fait, deux rendez-vous majeurs sont prévus jeudi dans la capitale autrichienne: la Conférence ministérielle de l’Opep et la réunion ministérielle des pays Opep et non Opep, auxquelles prendra part le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni.
Très attendue, la réunion Opep-non Opep intervient dans un contexte d’incertitudes liées notamment à la nouvelle vague d’offre concurrentielle provenant des Etats-Unis, une situation qui préoccupe particulièrement la Russie dont les sociétés pétrolières craignent de perdre des parts de marché alors que la hausse des cours du pétrole profite aussi aux entreprises américaines.
En octobre, la Russie a vu sa production quotidienne de pétrole augmenter à 11,3 millions de barils de brut, dépassant les 10 millions de barils produits par l'Arabie saoudite, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Toutefois, des analystes estiment que si les compagnies pétrolières russes veulent réussir, elles ne peuvent pas se permettre de trop se détacher de la ligne de conduite du gouvernement.
Pour les observateurs, en entrant dans le jeu de l'Opep, la Russie a acquis une position excellente dans la région. Pour l'Opep comme pour la Russie, il s'agit ainsi de faire face à l'insatiable appétit des producteurs de schiste aux Etats-Unis.
En effet, alors que l’Opep accentue ses efforts à l’effet d’assurer une stabilité sur le marché, la hausse de la production américaine, qui devrait se poursuivre dans les années à venir, bouscule toujours le marché.
Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les Etats-Unis vont dominer le marché mondial de pétrole d’ici 2025. Ils représenteront à eux seuls 80% de la croissance de la production mondiale de brut d’ici 2025 grâce à l’essor de la production de pétrole de schiste.
Une bonne décision est de mise
Selon Bloomberg, l’Opep a fait récemment appel à des analystes pétroliers pour discuter des répercussions de la baisse qu'elle a consentie sur une éventuelle montée en puissance de l’offre non conventionnelle américaine. Mais ces experts ont exprimé des avis divergents sur l’ampleur de l’approvisionnement concurrentiel américain.
La durée de prolongation de l’accord dépendra en partie des estimations de l’évolution de la production américaine et d’autres bruts concurrentiels.
Selon les mêmes sources, les responsables de l’Opep s’inquiètent du fait que le marché et les cabinets de consulting n’aient pas jusqu’ici une estimation claire et exhaustive des quantités de pétrole de schiste américain qui risquent de remplacer l’offre de cette organisation pétrolière.
La croissance du schiste américain pour 2018 devrait osciller entre 500.000 barils par jour et 1,7 mbj, ce qui complique les prévisions de l’Opep.
Face à cette situation d’abondance de l’offre, les observateurs estiment que des réajustements sont nécessaires pour donner plus de consistance à l’accord de l’Opep-non Opep.
C’est à ce titre que le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suheil al-Mazrouei, a indiqué mercredi que l'Opep et ses partenaires cherchaient encore "la bonne décision pour les marchés".
M. al-Mazrouei a rencontré mercredi matin à Vienne ses homologues d'Arabie saoudite et du Koweit mais n'a pas souhaité commenter les discussions qu'il a pu avoir avec eux.
"Nous avons besoin de nous réunir, je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant", a-t-il insisté devant des journalistes, soulignant l'importance d'une réunion technique prévue plus tard dans la journée.
Mais le ministre du Qatar ne s'est pas joint mercredi à ses voisins, ce pays étant toujours sous le coup d'un embargo des pays arabes du Golfe.
Les ministres de certains pays participants à l'accord, dont deux des trois plus grands producteurs mondiaux, l'Arabie saoudite et la Russie, se sont réunis mercredi au siège de l'Opep pour donner une recommandation technique sur la suite de l'accord.
Pour rappel, l’Opep et des pays non Opep avaient entériné en fin 2016 un accord prévoyant de réduire la production quotidienne de 1,8 million de barils par jour (mbj) sur une période de six mois à partir du 1er janvier, avec 1,2 mbj pour l'Opep et 600.000 bj pour les producteurs hors-Opep.
Les 11 pays producteurs de pétrole non Opep concernés par cet accord sont l'Azerbaïdjan, Brunei, Bahreïn, la Guinée équatoriale, le Kazakhstan, la Malaisie, le Mexique, Oman, la Russie, le Soudan et Sud Soudan.
Mais pour réduire les stocks de pétrole à leur niveau moyen des cinq dernières années et souligner la détermination des producteurs à assurer la stabilité du marché, les deux parties avaient décidé en mai dernier de prolonger de neuf mois l'accord de réduction de la production en vigueur depuis janvier 2017. APS