Des intellectuels français et responsables du mouvement associatif veulent conquérir en France le droit de contester «librement» la politique israélienne, de condamner son mépris du droit international et de dénoncer les injustices subies par le peuple palestinien.
«A-t-on le droit, en France, de contester la politique israélienne, de condamner son mépris du droit international, de dénoncer les injustices subies par le peuple palestinien ? Et ce, dans une période où le peuple palestinien est de plus en plus menacé par la colonisation, les projets d’annexion, le projet de redéfinir la nature même de l’Etat d’Israël», se sont interrogés dans une tribune publiée par ces intellectuels, dont parmi eux le géopolitologue Pascal Boniface, le professeur et essayiste Rony Brauman et le journaliste et historien Dominique Vidal.
Ils soutiennent que quiconque a envie de contester la politique israélienne «va se poser la question des attaques auxquelles, il ou elle, risque d’être confronté : insultes, intimidation, pressions, amalgames, délégitimation, accusations infâmantes d’antisémitisme», dénonçant cette «forme de peur et d’autocensure qui s’installe» en France.
L’un des signataires de cette tribune, ont-ils rappelé, est toujours soumis aux attaques de ses détracteurs, y compris d’un ancien Premier ministre, seize ans après avoir écrit une note interne au Parti socialiste sur l’orientation de sa politique israélo-palestinienne, indiquant que des élus français sont interdits, en novembre dernier, de se rendre en Israël «sous prétexte qu’ils avaient demandé à rendre visite à Marwan Barghouthi, le Mandela palestinien, dans la prison où il est détenu par Israël».
Ces intellectuels, dont parmi eux figurent également Ivar Ekeland, ancien président de l'Université Paris Dauphine, Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité et Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), ont critiqué les «inconditionnels» de la politique israélienne en France qui «font la promotion d’une +définition+ de l’antisémitisme qui prendrait en exemple la critique +excessive+ de la politique israélienne», déplorant le rétrécissement en France de la liberté d’expression et d’action citoyenne lorsqu'il s'agit de défendre le droit des Palestiniens.
Ils citent en exemple les tentatives de «diabolisation» des campagnes de Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS), que «chacun a le droit d’approuver ou non, mais qui ne sont qu’un moyen pacifique de tenter d’imposer le droit».
A cet effet, ils annoncent la tenue lundi d’un colloque au Sénat pour débattre «sans tabou» des amalgames et des attaques, en recherchant leurs causes possibles en France.
L'objectif de cette rencontre est de «montrer la puissance et la détermination du pouvoir israélien, qui s’exprime au grand jour en mettant des moyens considérables pour faire taire la contestation de sa politique partout dans le monde».
«Face à la politique irresponsable du gouvernement israélien et de son allié états-unien, qui risque encore de connaître de nouveaux développements, la France a besoin d’un débat citoyen, démocratique, un débat qui peut être vigoureux mais doit être exempt d’attaques personnelles et de coups bas», ont-ils conclu.