Le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, va prononcer ce mardi un discours devant le Conseil de sécurité pour demander une alternative multilatérale à la médiation des Etats Unis dans le processus de paix au Moyen-Orient.
Mahmoud Abbas, qui intervient à l’ONU dans la foulée de la mesure unilatérale américaine de reconnaitre El-Qods occupée capitale d’Israël, va réitérer son appel à une adhésion pleine et entière de la Palestine aux Nations Unies et à la constitution d’un panel international pour parrainer les futures négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens.
Devant l’incapacité de Washington d’assurer le rôle de médiateur honnête, l’autorité palestinienne a affirmé que l’administration américaine est désormais disqualifiée de son rôle de sponsor de paix.
L’attitude des Etats Unis "offre une opportunité de rechercher la paix par d'autres voies", a déclaré le négociateur en chef palestinien, Saeb Arekat au New York Times.
Le diplomate palestinien, Nasser al-Qudwa, a précisé lundi que l’autorité palestinienne accepterait différents formats de négociations qui pourraient avoir lieu sous les auspices du groupe des cinq membres du Conseil de sécurité ou sous l'égide d’un Quartette élargi.
L’autorité palestinienne cherche en effet à élargir les rangs du Quartette pour le Moyen-Orient pour inclure d’autrs médiateurs, selon des observateurs à Washington. Le groupe de médiation, crée en 2002, est formé de quatre Etats et organisations internationales à savoir la Russie, les Etats Unis, les Nations Unies et l’Union européenne.
La partie palestinienne envisage d’associer le Japon, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et certains pays arabes mais la liste des pays supplémentaires qui devraient intégrer le Quartette doit encore faire l’objet de discussions, selon les mêmes sources.
L’objectif principal est de faire en sorte que Washington ne sera plus la seule voix qui va peser dans ces négociations. Les Palestiniens estiment que ce cadre international élargi pourrait produire un nouveau mécanisme en mesure d’engager la région dans des discussions sérieuses pour une paix juste et durable au Moyen-Orient.
La Russie qui entretient des liens étroits avec tous les acteurs régionaux pourrait être le lieu idéal pour abriter ces discussions. Nabil Chaath, le conseiller pour les affaires étrangères du président palestinien, a émis le souhait de voir ces négociations débuter rapidement.
Dans un entretien accordé lundi au site américain Al-monitor, le responsable palestinien a indiqué que la Russie ne s’opposait pas à ces négociations mais en parallèle elle n’a fait aucune promesse concrète dans ce sens.
Moscou estime qu’un nouveau mécanisme pour les négociations au Moyen-Orient aura besoin du retour effectif des parties au conflit à la table des négociations. Sa proposition en 2017 de tenir des négociations directes entre Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est tombée à l’eau après le refus opposé par Israël à toute démarche internationale n’incluant pas les Etats Unis, leur principal allié.
Nabil Chaath a relevé que les discussions de Moscou entre le président Abbas et son homologue russe Vladimir Poutine "n'ont débouché sur aucun accord" sur un nouveau mécanisme de paix. Le plus important, est que "la Russie ait réaffirmé son attachement à la solution à deux Etats et exprimé son empressement à travailler sur les propositions palestiniennes", a-t-il souligné.
Lors de cette rencontre, le président Poutine a expliqué que la Russie n'excluait pas les Etats-Unis du processus de règlement du conflit. A ce propos, le conseiller du président Abbas a tenu à préciser que la partie palestinienne n’écartait pas non plus les Etats-Unis de ce processus mais ne veut pas les voir comme seul sponsor pour la paix .
"Nous ne les excluions pas non plus. Tout simplement nous ne voulons pas voir les Etats-Unis comme seul médiateur", a-t-il ajouté.
Depuis l’annonce du président américain Donald Trump de déplacer l’ambassade des Etats-Unis à la Ville sainte, les relations américano-palestiniennes se sont dégradées et risquent de se détériorer davantage avec les menaces persistantes de l’Administration américaine de réduire l’aide accordée aux réfugiés palestiniens. En janvier Washington a mis à exécution ses menaces en bloquant la moitié de leurs aides, soit près de 65 millions de dollars, à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.
Les Etats-Unis campent également sur leur position d’opposer un véto à toute proposition visant à accorder l’adhésion entière de la Palestine à l’organisation onusienne.
En signe de protestation, Mahmoud Abbas a annulé en janvier une rencontre avec le vice-président américain, Mike Pence, lors de sa première tournée dans la région. APS