La 18e édition des Jeux Méditerranéens tire à sa fin et c'est déjà l'heure des premiers bilans. Avec seulement 13 médailles glanées, dans 24 disciplines, les Algériens ne sont pas montrés à la hauteur de l'événement en terminant à la très modeste 15e place.
Ce n'est plus un secret pour personne, le sport en Algérie va mal, même très mal… Au moment où l'attention était focalisée ces derniers temps sur l'équipe nationale A de football, à cause de ses déboires à répétition, voilà que les autres disciplines lui emboîtent le pas et plongent davantage le sport national dans les abîmes du déclin.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi le sport algérien est tombé si bas ? Pourquoi ces crises de résultats généralisées et à répétition ? Pourquoi est-ce qu'on régresse au lieu d'avancer ? Est-ce une question de moyens ou de compétences ? A toutes ces interrogations, il faudra bien répondre rapidement pour tenter de sortir la tête de l'eau.
Pour l'heure, c'est le moment de faire une petite rétrospective de la modeste moisson algérienne à Tarragone.
Contrairement aux Jeux de Mersin 2015 (Turquie), durant lesquels les Algériens ont brillé (26 médailles : 9 or, 2 argent, 15 bronze), le rendez-vous espagnol a été tout simplement un fiasco.
La délégation algérienne va regagner le pays avec un maigre butin de 15 médailles : 2 or, 4 argent, 7 bronze. Les deux seules breloques en vermeille qui ont permis à l'Algérie de ne pas terminer dans les bas fonds du classement ont été l'œuvre du karatéka Hocine Daïkhi et du nageur Oussama Sahnoune sur le 100m nage libre. Ce dernier est monté une seconde fois sur le podium en arrachant l'argent du 50m nage libre.
Du jamais vu depuis 1979
Depuis 1979, et les Jeux de Split en Yougoslavie, l’Algérie n’a jamais enregistré pareils résultats aux JM. Même si le pays, et le sport en particulier, sont passés par une période sombre, les résultats et les performances étaient toujours présents pour donner du sourire et de l’espoir à toute une nation.
A l’exemple des Jeux de 1991 et de 1993, disputés respectivement en Grèce et en France, où l’Algérie avait terminé respectivement à la 7e (17 médailles, dont 9 en or) et la 8e (22 médailles, 5 en or) position au classement général.
Pour la cheffe de la délégation algérienne aux JM 2018, Hassiba Boulmerka, «le sport national a touché le fond». Elle estime que les résultats obtenus reflètent «la réalité du terrain».
«Nous avons les talents. Nous avons la pâte pour former des athlètes capables de rivaliser avec les meilleurs au monde, mais c’est le même problème qui dure depuis des années. Il faut changer de mentalité et se remettre au travail, car il n’y a que ça qui compte», a-elle-résumé.
La boxe, le judo et l'athlétisme ne rapportent plus
Connus pour être les plus gros pourvoyeurs de médailles pour l'Algérie, la boxe, le judo et l'athéisme ont raté leurs jeux. Si en 2015 ces trois disciplines ont rapporté, à elles seules, 19 médailles, dont 9 en or, aux JM 2018 le constat est amer. Seulement 6 médailles gagnées (5 bronze, 1 argent) pour ces sports qui, traditionnellement, permettaient à Kassaman de retentir dans de pareils événements.
Toutefois, il est important de donner la parole aux principaux acteurs de ces joutes, à savoir les athlètes et leurs encadrements, pour tenter d'avoir quelques éléments de réponse sur ce qui n'a pas marché.
Comme aux Jeux Olympiques de Rio 2016 (Brésil), où beaucoup d'athlètes ont fustigé leurs fédérations respectives pour ne pas leur avoir offert tous les moyens pour réussir leurs compétitions, l'histoire s'est une nouvelle fois répétée à Tarragone. Si quelques-uns ont eu l'audace et le courage de le dire ouvertement à l'image du hurdler, Abdelmalik Lahoulou, d'autres l'ont fait en off pour un certain nombre de raisons.
«J’ai effectué la préparation aux JM 2018 avec mes propres moyens durant trois mois, aux Etats Unis et en France, sans aucun soutien de la Fédération. J’ai été abandonné à mon sort sans aucun soutien de leur part», s’est indigné Lahoulou, frustré d’avoir raté le podium du 400m haies.
Quelques lueurs d'espoir
Dans l'avion spécial qui ramènera le reste du contingent algérien, ce lundi, l'ambiance ne sera pas à la fête, notamment du côté de ceux qui doivent rendre des comptes.
Toutefois, il n’y a pas eu que de mauvais résultats au pays de Cervantès. En effet, parmi les 233 athlètes algériens présents à Tarragone, certains, au nombre très limité malheureusement, ont su relever le défi avec brio. C’est le cas de Oussama Sahnoune qui, à chacune de ses sorties, s’illustre en battant un record national ou bien continental. Les karatékas Hocine Daïkhi et de Walid Bouaboub ont fait honneur à leur discipline, de même pour les lutteurs Adem Boudjemline et Bachir Sidazara, auteurs de deux belles médailles en argent. Le boxeur Mohamed Houmri a contribué pour sauver la face du noble art, alors que le sauteur Mohamed Yasser Triki, médaillé d’argent au concours de la longueur, s’affiche comme l’un des grands espoirs de cette spécialité.
Alors que la prochaine édition des Jeux Med aura lieu en 2021 à Oran, il est impératif de tirer les enseignements, rapidement, et se retrousser les manches pour se mettre au travail afin de corriger le tir et faire bonne figure chez nous.
Liste des médaillés algériens (par discipline) :
Karaté-do : 2 médailles
Catégorie (+84 kg) : Hocine Daïkhi (or)
Catégorie (-75 kg) : Walid Bouabaoub (bronze)
Natation : 2 médailles
100 m nage libre : Oussama Sahnoune (or)
50 m nage libre : Oussama Sahnoune (argent)
Luttes associées : 2 médailles
Catégorie (87 kg) : Bachir Sidazara (argent)
Catégorie (97 kg) : Adem Boudjemline (argent)
Athlétisme : 2 médailles
Saut en longueur : Mohamed Yasser Triki (argent)
Relais messieurs 4x400 m : Abdelmalik Lahoulou, Fethi Benchaa, Saber Boukemouche et Mohamed Belbachir (bronze)
Boxe : 2 médailles
Catégorie (-60 kg) : Réda Benbaziz (bronze)
Catégorie (-81 kg) : Mohamed Houmri (bronze)
Judo : 2 médailles
Catégorie (-100 kg) : Lyes Bouyacoub (bronze)
Catégorie (+78 kg) : Sonia Asselah (bronze)
Haltérophilie : 1 médaille
Catégorie (94 kg) : Saddam Messaoui (bronze)
Mohamed Kermia